Aux sources de la vie
de Eric Karsenti

critiqué par Colen8, le 25 mars 2019
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Pourquoi la Vie ? On ne sait pas, pas encore !
Aux sources de la vie il y a de l’énergie, de l’eau, de la coopération et encore énormément de mystère. Cependant nul besoin d’un grand architecte si l’on s’en réfère à des hypothèses récentes encore controversées pour lever une partie du voile. Des mouvements sur la longue durée, du brassage intense dans les zones chaudes des fumeurs noirs autour des failles océaniques, des contraintes physico-biochimiques donnant leur forme aux premières molécules, voilà pour le commencement. Le chaos initial et la complexité ont mené par des boucles de rétroaction en cascade à des structures dissipatives. Tels ont été l’origine de l’auto-organisation qui a permis l’émergence d’états stables, et le tour était joué … plus ou moins.
Dirigée par Eric Karsenti l’expédition de biologistes destinée à recueillir et analyser le plancton marin de tous les océans a eu lieu à bord de la goélette Tara Oceans entre 2009 et 2013. Les échantillons collectés ont déjà révélé une richesse de gènes inouïe, autour de 50 millions chez les bactéries et les archées et de 200 millions chez les eucaryotes. En attendant la publication des résultats, Eric Karsenti récapitule ici dans une écriture accessible à tous illustrée de schémas simples et d’un encart photos le récit scientifique de la Vie depuis ses tout débuts il y a 3,5 milliards d’années jusqu’aux récentes découvertes de la biologie moléculaire.
Il va plus loin en évoquant sa propre carrière de chercheur, en particulier pour détailler la morphogenèse cellulaire et l’embryogenèse des organes que l’action des gènes seuls ne permet pas d’expliquer. La fécondation de l’œuf déclenche un enchaînement inattendu de processus systémiques qui selon des équations d’Alan Turing se comportent en oscillateurs biologiques auto-organisés. L’observation expérimentale confirme les interactions multiples contingentes du développement de n’importe quel organisme quel que soit son degré de complexité. En conclusion, le monde est une merveille qu’il serait dommage de ne pas protéger comme il le mérite.