Le cordonnier juif et l'enfant
de Francis Simon

critiqué par Jacques masquart, le 15 février 2019
( - 57 ans)


La note:  étoiles
cordonnier juif et l'enfant
L’oeuvre est écrite d’une plume légère, usant de phrases courtes et hachées, qui cinglent et entraînent dans ce maelstrom que nous pouvons communément appeler,« une autre histoire de juifs », avec son incontournable Shoah, ses déportations, ses traques, ses camps de concentration, ses juifs rescapés qui ne cessent de autoflagellation pour être restés vivants, pour n’avoir pas suivi le cortège de la mort avec leurs familles.Une histoire intrigante, mais aussi envoûtante, dans laquelle nous suivons imperceptiblement le supplice des juifs de France lors de la Seconde Guerre mondiale, et leur refus de s’accorder une halte, une rédemption...Rigidité, culpabilité et crises de conscience qui culminent en suicide.Léon avait eu le « grand malheur » de n’avoir pas été capturé par les Allemands et le « grand désavantage » de rencontrer de bonnes gens qui feront tout pour le garder en vie, alors que lui-même ne voulait plus de cette vie, où il était contraint de garder son identité secrète, de se blâmer pour n’avoir pas tenté de sauver les siens, comme si les écrasantes mâchoires de la machine de mort nazie, le lui permettaient. Et où il devait, par la suite, subir le joug d’un enfant débile ; perdant et recherchant inlassablement des amarres...Mais ce n’est pas tout, l’auteur nous impose ses jalons juifs, depuis l’histoire de la reine Esther, jusqu’à Tu Bishvat... et ce que des mécréants appelleraient des coïncidences, jeux du destin ou du sort. Il retrouve dans chaque signe, dans chaque souffle de vie, la bible, ses miracles, ses joies, ses rites, son histoire et surtout sa raison de vivre (la Kabbale). Chaque phrase ressemble à un coup de fouet qui au lieu de vous abattre, vous octroie plus d’énergie, plus de volonté de vous accrocher et de poursuivre. Mais c’est peut-être aussi cet acharnement contre le juif qui le conserve, juif et vivant.
T.Z