J'ai rendu mon uniforme: Une infirmière en EHPAD témoigne
de Mathilde Basset

critiqué par CHALOT, le 3 février 2019
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
LIVRE TEMOIGNAGE
« J'ai rendu mon uniforme »
livre témoignage de Mathilde Basset
éditions du Rocher
janvier 2019


Ce livre témoignage d'une infirmière qui a pour sous titre : « La vraie vie des EHPAD, soignants en burn-out, séniors en souffrance » est vite lu car passionnant.

Il parle aux lecteurs qui sont tous intéressés par ce sujet d'actualité :

Qui n'a pas un parent, un ami qui s'est retrouvé un jour dans un de ces établissements de soins pour personnes âgées ?

L'auteure, jeune infirmière nous raconte son parcours, ses espoirs, ses envies de bien faire et la dure réalité.

Il faut faire vite, gagner de précieuses minutes, quitte à faire moins bien que ce qu'on voudrait faire avec la lancinante et implacable explication : il n'est pas possible de faire autrement.

« On lui demandera aussi de ne pas passer plus de cinq minutes par chambre en limitant toute communication qui ne soit pas avec un soin tarifié » !

Cette logique de rentabilité, ce système « comptable » est inacceptable car les personnes âgées comme n'importe quel patient et peut-être plus que n'importe quelle personne soignée a besoin qu'on lui parle.

Cette relation est indispensable pour ces personnes mais aussi pour les soignantes.

Le « procès » que Mathilde Doucet intente aux décideurs est implacable et le réquisitoire est construit autour d'une argumentation qui s'appuie sur le vécu et l'expérience.

Après une « formation théorique aveugle » qui « par défaut d'informations, use de méthodes insidieuses et brutales pour permettre à l'étudiante de s'adapter au terrain de stage sans l'avertir de ce qui l'attend ensuite. » la soignante se retrouve devant la dure réalité.

Comment voulez vous qu'une infirmière qui arrive durant une journée en sous-effectif, à prendre en charge 90 personnes âgées puisse remplir sa mission ?

A l'impossible nul n'est tenu, certes, mais ce sont des personnes fragilisées de chair et de sang qui sont là en face de personnes de santé motivée mais qui finissent pas être stressée.....

La souffrance au travail est là.

La jeune infirmière qui se raconte finira par raccrocher sa blouse....

Elle reviendra mais dans un autre secteur où l'on consomme moins les soignants « comme du matériel à usage unique » en pensant à tous ces collègues qui n'ont pas le choix et continuent malgré tout.


Jean-François Chalot