Hare Rama
de François Gilbert

critiqué par Libris québécis, le 19 janvier 2019
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Un adepte de Krishna en Beauce
La Beauce est une région située au sud de la ville de Québec. Dans ce tome, l’auteur donne une suite à sa première œuvre (Hare Krishna) en parcourant une école secondaire sur les traces de Mikael Dionne, un élève qui en est à sa dernière année. Le héros a quitté son milieu scolaire pendant un certain temps pour se retrouver à Montréal et ses tentations. Quand il regagne son patelin, il se fait l’apôtre de Krishna dont il a fréquenté le temple pendant son séjour.

Être disciple (hare) de cet organisme en région est fort mal vu. Et encore davantage quand un élève veut répandre la bonne nouvelle en constituant un petit cercle d’adeptes en plein milieu conformiste. La tâche s’annonce colossale pour le héros. Y parviendra-t-il ? C’est le suspense qu’entretient l’auteur pour garder l’intérêt des jeunes lecteurs qu’il cible. Il pique bien leur curiosité, mais suscitera-t-il l’adhésion des jeunes Beaucerons à ce mouvement hindouiste qui prône des valeurs à cent lieues de celles véhiculées au sein de la société des hamburgers et des poutines (frites, sauce, fromage).

Qu’importe, Mikael fonce tête première espérant y trouver de ce fait l’équilibre pour affronter la vie. Pourtant, tous se liguent contre lui. Jadis vedette de l’école, il est devenu rejet quand un jour il s’est présenté à l’école vêtu de la bure du bonze dans l’œuvre précédente. Même les parents s’en mêlent. Ils demandent son expulsion pour protéger leur rejeton d’une soi-disant tête enflée. Malgré tout, il déniche des appuis. Sa mère au premier chef même si son fils la décontenance, des élèves sympathiques à sa cause, voire des professeurs plus ouverts d’esprit.

Le jeune héros croit dur comme fer à son aventure salvatrice. Il faut changer à tout prix la mentalité des jeunes en leur proposant un regard plus vertical sur notre monde qui s’emmure dans sa médiocrité et sa déchéance. Quoique les jeunes rêvent d’un monde meilleur, il n’est pas sûr qu’ils s’embarquent à la suite de ce messie trafiqué en un rien de temps. Son but est fort louable. Chercher l’équilibre en tournant le dos aux tentations démoniaques des sociétés modernes de l’Occident. Fuir sa minute de gloire pour gagner en humilité, fuir la vanité en méditant sur le sens de l’existence, lever les yeux vers son dieu pour s’humaniser. Et le mantra reste le moyen idéal pour atteindre son objectif.

C’est ce que propose ce roman destiné aux jeunes. Il est permis de croire que l’on reste sourd à cet appel en dépit du désir de pureté sociale qui caractérise ce groupe d’âge. Et l’écriture un peu lourde desservira cette oeuvre, trop enracinée dans l’aura magique du mantra.