Le Baptême des Ténèbres
de Ghislain Gilberti

critiqué par Ayor, le 17 janvier 2019
( - 51 ans)


La note:  étoiles
Dans la surenchère
Roman divisé en deux parties bien distinctes, une première très prenante où les indices mènent rapidement l’équipe du commissaire Sanchez vers un suspect, puis une seconde nettement moins passionnante et confuse où l’action est privilégiée au détriment d’un récit qui jusque-là tenait la route.

Confusion donc, mais uniquement sur un plan géographique du fait de l’environnement particulier dans lequel se situe l’action. Même si se repérer n’est pas absolument essentiel, il n’empêche que l’auteur propose de trop nombreuses situations itératives et que l’impression générale qui domine finalement se trouve être l’ennui, et ce malgré un rythme soutenu.

Dommage quand même d’en faire des caisses et d’être dans la surenchère permanente, au risque finalement de potentiellement décevoir.

L'ensemble reste correct.
Aussi noir que du charbon 9 étoiles

Plus j'y pense et plus je me dis que Ghislain Gilberti s'affirme comme le meilleur auteur français de polars. Et pourtant, la concurrence est rude entre Norek, Chattam, Thilliez, Minier, Favan.

Attention car ce livre n'est pas à mettre entre toutes les mains. Il faut dire que le titre est assez explicite. On ne va pas rigoler. Et même pas du tout. C'est peut-être pour ça qu'il est édité par "La Mécanique Générale", une maison d'édition que je ne connaissais pas là où Le festin du serpent et Le bal des ardentes étaient, eux, chez Pocket. Il y a pas mal de fautes de frappe et d'erreurs de syntaxe en tout cas. Rien qui ne freine sérieusement la lecture mais il fallait que je le signale.

Le baptême des ténèbres se passe pendant les événements du Bal des ardentes. C'est pour ça qu'on ne verra pas du tout Ange-Marie Barthélémy. Il est seulement évoqué. Mais on peut tout à fait lire Le baptême des ténèbres sans avoir lu Le bal des ardentes. Il n'y a aucun lien entre les deux histoires.

S'il existe un lien, c'est bien entre tous ces tueurs en série nés sous la plume de Ghislain Gilberti. Ils sont tout bonnement monstrueux. Et je pèse mes mots. Ils n'ont aucune humanité, se comportent comme des bêtes sauvages et sont bourrés de drogue à s'en griller le cerveau.

Durant la première moitié du livre, on assiste à une succession de scènes de crime où des jeunes femmes sont retrouvées atrocement mutilées. Cécile Sanchez enquête et se dessine petit à petit un meurtrier complétement dingue. S'inspirant de Alice au pays des merveilles pour créer son univers malade.

La deuxième moitié est un concentré d'action pure. Plongée dans les souterrains de Paris, Cécile va traquer sa proie sur son terrain de chasse. Bonjour l'ambiance. Le type est quasiment invulnérable, ses défenses sont impénétrables, c'est bourré de pièges en tout genre concoctés par ses soins durant toutes ces années. Et je m'interroge : y-a-t-il comme le décrit Ghislain Gilberti une sorte de vie parallèle sous terre où pullulent gangs, armes de guerre abandonnées, cadavres sans que personne ne bouge le petit doigt ? Est-il possible qu'avec tout ce que s'injecte ce tueur, il puisse augmenter ses capacités physiques de telle sorte qu'il en vient à ridiculiser les hommes du Raid venus le cueillir dans son antre ?

Cette démesure, je l'avais déjà perçue à la fin du Bal des ardentes avec l'attaque de la Tour Rouge. Et je me suis pris à imaginer cette traque réalisée au cinéma par une Kathryn Bigelow, un John McTiernan, un David Fincher. Quel spectacle ce serait !

Pour la fragilité de ces flics, broyés par l'extrême violence à laquelle ils sont confrontés, ça m'a fait penser à du Olivier Marchal. Il n'y a rien qui les attend le soir à la maison. En revanche, la mort les guette au quotidien. Et je vois gros comme une maison que c'est ce qui va arriver à Cécile Sanchez ou Ange-Marie Barthélémy. Une intuition comme ça.

Incertitudes - - 39 ans - 21 décembre 2020