21 leçons pour le XXIème siècle
de Yuval Noah Harari

critiqué par Colen8, le 11 janvier 2019
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Connaissance du monde, connaissance de soi
En fait de leçons c’est le texte tout indiqué pour avoir une idée à peu près complète de l’état du monde, présenté comme une liste des questions et débats qui font l’actualité. Sans nouveauté à proprement parler, il est traité dans une excellente synthèse rassemblant une somme des connaissances requises en histoire, sciences, religions et croyances. Il est aussi plein d’un bon sens teinté de scepticisme moqueur qui pourrait en choquer certains.
Les menaces s’accumulent sur le devenir de la planète à commencer par le changement climatique mais aussi l’épuisement des ressources en eau, la dissémination des armes de destruction massive, les dérives possibles du numérique conjugué aux progrès fulgurants de l’intelligence artificielle (infotech) et à sa convergence avec les biotechnologies (biotech). Il est possible de voir se former des dictatures de big data qui feraient disparaître massivement les emplois, dévaloriseraient in fine le travail et rendraient inutiles des centaines de millions de personnes.
La bonne réponse ne peut être que mondiale, dans un esprit mutuel de coopération et de bienveillance sans renoncer ni à ses origines ni à son patrimoine culturel, mais en acceptant humblement de ne pas tout savoir ni tout comprendre. Car les nations qui prétendent mieux protéger leurs ressortissants en érigeant murs et barrières de toute nature se trompent de cible et faute de bloquer indéfiniment la circulation physique des uns et les idées des autres finiront par révéler leur impuissance.
La dernière leçon conseille la méditation comme exercice personnel pour avoir prise sur le sens de la vie.
Une vision un peu déprimante 6 étoiles

J'ai été moins intéressé par ce dernier essai que par Sapiens ni même que par Homo Deus.
Je n'ai pas eu l'impression d'apprendre grand chose par rapport à différentes lectures sur une partie des 21 questions traitées.
Le traitement iconoclaste des religions et notamment du judaïsme est très intéressant .
Yuval Noah Hararari nous dévoile par ailleurs des aspects personnelle de sa vie .

Comme dans Homo Deus l'auteur m'a semblé sous entendre que nos existences se résumeraient à un ensemble de processus physico-chimiques et d’algorithmes dont les derniers pourraient être transcrits dans des systèmes non biologiques. La différence entre la représentation que nous avons des choses et notamment des êtres biologiques et leur réalité ultime , d'une complexité infinie , et inatteignable , n'est pas soulignée. J'ai peut-être encore mal lu.

L'idée qui revient est que nos sociétés , organisations , systèmes politiques , économiques , monétaires etc … sont le fruit de « récits » auxquels des millions d'hommes adhérent. Au nom de ces récits on construit le meilleur comme le pire , mais ces édifices ne sont pas forcément pérennes.
Avec sans doute beaucoup de lucidité , YNH démonte une à une toute nos illusions . Tout est vain. D'ailleurs au bout du compte les mémoires mêmes de nos vies s'éteindront en deux générations , puis l'homme , la vie sur terre , la terre , et le système solaire de toute façon disparaitront.
Puis il conclut avec un chapitre sur la méditation , dont la transition avec ce qui précède n'est pas claire pour moi , (et qui constituerait le remède à nos angoisses?)

Nav33 - - 76 ans - 3 février 2020


Avis mitigé 7 étoiles

Ces 21 leçons, si elles font largement le point sur notre passé, essaient également d’envisager ce que sera notre avenir et ce dont il s’agit de nous méfier. Mais il ne s’agit que de supputations, d’estimations plus ou moins fiables. Qu’est-ce qui nous attend ? Nous n’en savons strictement rien car tout devient extrêmement compliqué, difficile (un des sous-chapitres s’intitule « vous en savez moins que vous ne le pensez »).
Au chapitre 19- Education-, l’auteur nous le dit clairement : « L’humanité est confrontée à des révolutions sans précédent, tous nos vieux récits s’émiettent. (…) Comment nous préparer, nous et nos enfants, à ce monde de transformations inédites et d’incertitudes radicales ? Un bébé qui nait aujourd’hui aura trente ans en 2050. Si tout va bien, il sera encore là en 2100. De quel genre de compétences aura-t-il besoin pour trouver un emploi, comprendre ce qui se passe autour de lui et se repérer dans le dédale de la vie ? Hélas, personne ne sachant de quoi le monde aura l’air en 2050 - pour ne pas parler de 2100-, ces questions demeurent sans réponse. »

Si la lecture de ce livre est intéressante et peut apporter un certain apaisement non négligeable, il ne nous nous apprend rien de bien neuf et se contente (à défaut de mieux ) de faire le point. Mon avis d’ensemble est tout de même assez mitigé.

Extraits :

- (A propos des référendums) On objectera que la population ne devrait jamais être consultée par référendum parce qu’elle manque de bagage nécessaire en économie et en science politique. Mais les élections et les référendums ne portent pas sur ce que nous pensons. Ils concernent ce que nous ressentons. Et quand il s’agit de sentiments, Einstein ou Dawkins ne valent pas mieux que quiconque.
- L’Homo Sapiens moyen est probablement incapable de connaître plus de cent cinquante individus.

- Pages 153 à 155 : excellentes pages sur le patriotisme japonais et celui de la Corée du Nord.

- Les terroristes ressemblent à une mouche qui essaie de détruire un magasin de porcelaines. Elle trouve un taureau, se glisse dans son oreille et se met à vrombir. Le taureau panique, s’énerve et détruit le magasin.

- D’un point de vue éthique, on peut soutenir que le monothéisme a été une des pires idées de l’histoire des hommes. (…) Les monothéistes croient que leur Dieu est unique et qu’il exige une obéissance universelle. Dès lors, avec l’essor du christianisme et de l’islam augmenta la fréquence des croisades, du djihad, de l’inquisition et des discriminations religieuses.

- La Bible tient largement de la fiction mais elle peut encore procurer de la joie à des milliards de gens et encourager les humains à la compassion, au courage et à la créativité – à l’instar d’autres grandes œuvres de fiction comme Don Quichotte, Guerre et Paix et Harry Potter-.

- (A propos de la méditation) Quand je désire quelque chose et que ça n’arrive pas, mon esprit réagit en engendrant la souffrance. Celle-ci n’est pas une condition objective dans le monde extérieur mais une réaction mentale qu’engendre mon esprit. (c’est moi qui provoque la frustration donc la « souffrance » et non le monde extérieur).

Catinus - Liège - 72 ans - 14 juin 2019