L'année du Phénix - La première année de la retraite
de Danièle Laufer

critiqué par Tistou, le 9 janvier 2019
( - 67 ans)


La note:  étoiles
La première année de la retraite
C’était le moment idéal pour moi de lire cet ouvrage : la première année de la retraite, je l’entame. C’est bien intentionnée qu’on me l’a offert, c’est désabusé que je l’ai lu.
En fait il s’agit d’une collection de cas concrets, collectés par Danièle Laufer, commentés certes mais pour quelle finalité ? Autant de cas d’espèces qu’il y a d’individus. Pas de lignes claires qui se détachent qui pourraient justifier la prise en compte de ces cas concrets, je suis resté carrément sur ma faim.

« Loin d’être un énième livre pratique, cet essai basé sur des témoignages réconfortera les nouveaux retraités » est-il écrit en quatrième de couverture. Peut-être ce sentiment d’incomplétude que je ressens après lecture vient-il du fait que d’être réconforté je n’en éprouve pas le besoin ?
Pas moins de 23 personnages sont pris en considération au fil de l’ouvrage. On nous expose leur environnement, la problématique de leur départ et Danièle Laufer commente a minima. Fort bien, mais pour en tirer quoi concrètement ? Je n’ai pas su le voir pour ma part.

Dans l’introduction :
« Je suis donc partie à la rencontre de parfaits inconnus et de personnes qui me sont chères et dont je savais qu’elles avaient des choses précieuses à exprimer sur ce sujet. Tous ont eu la générosité de me recevoir et de me parler d’eux en toute sincérité. Je les en remercie. Mon travail en général, et ce livre en particulier, se nourrit de ces rencontres, de ces échanges et de cette confiance. Ils ne sont représentatifs que d’eux-mêmes. »

C’est bien là le problème : ils ne sont représentatifs que d’eux-mêmes !
Vive la retraite ! Mais... 8 étoiles

Danièle Laufer, journaliste, a rencontré une vingtaine de nouveaux retraités de milieux professionnels différents avant de regrouper leurs différents témoignages dans des chapitres pertinents.
La retraite est un bouleversement de l’existence, appréhendée et vécue différemment par chacun, et qui n’est pas forcément l’éden attendu.

La fin du travail, c’est d’abord une date, un jour J où l’on doit quitter ce que l’on a construit, abandonner ce qui a rempli nos journées pendant des décennies, laisser la place aux jeunes ; ce peut être un soulagement, un grand moment d’émotion ( avec un pot de départ chaleureux par exemple), mais il peut aussi être douloureux.
"Ce qui est dommage et regrettable dans les entreprises, c’est que l’on mette les gens à la retraite de manière aussi radicale. aujourd’hui, tous ceux qui ont des responsabilités ou du savoir devraient partir de manière progressive, avec des mi-temps ou des tiers de temps. La retraite du jour au lendemain, c’est une ânerie pour tout le monde. Pour l’entreprise et pour la personne."

Et puis vient le vertige : "Plus personne d’autre que toi ne décidera de ta vie."
La liberté de faire ou de ne pas faire, la jouissance de son temps, est euphorisante...ou pas ; quand on a travaillé, obéi ou décidé pendant des dizaines d’années, être son seul maître peut aussi devenir anxiogène.
Cette liberté s’accompagne d’un travail de deuil, le deuil d’un métier qui a forgé notre identité, qui a donné un sens à notre vie. La retraite signifiant aussi "retraite sociale", pas forcément agréable.

Après ce travail de deuil, arrive l’envol, la promesse d’avenir.
"S’engager sans perdre sa liberté, c’est ce défi-là qu’il faut résoudre quand on n’a plus que ses propres contraintes et contradictions à résoudre... "
Ces projets longtemps reportés, il est maintenant temps de les réaliser. Assouvir une soif de savoir, de culture, de voyages ou bien décider d’un nouvel endroit pour une nouvelle vie…

Et c’est le temps formidable de la renaissance
Après la période des ajustements de la vie à deux, le temps de retrouver sa place dans la maison, de profiter pleinement du bonheur d'être grand-parent, de cet amour inconditionnel qui donne du sens à la vieillesse, de pratiquer le bénévolat, d’être présent et disponible pour ses enfants, petits-enfants ou ascendants.

Cet ouvrage, que j’ai personnellement lu trois ans après mon départ en retraite, explore avec une grande justesse, les différentes phases de cette période transitoire déstabilisante qu’est la première année de la retraite.
Le plus gros reproche que je formulerai concerne le panel des gens interrogés limité à une catégorie socio-professionnelle privilégiée, au regard de leurs questionnements (dans les choix des activités, des envies d’apprendre, de voyager, de déménager...)
Et autre bémol, un nombre incroyable de fautes de frappe, de coquilles.

Il n’en reste pas moins un ouvrage que j’ai trouvé intéressant et instructif, où je me suis souvent retrouvée et que j’ai souhaité partager...avec de bonnes intentions :-)

Marvic - Normandie - 65 ans - 30 janvier 2019