Célébration du chat
de Anne Davis

critiqué par Débézed, le 28 novembre 2018
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Anthologie féline
Dans son avant-propos à ce florilège de poèmes célébrant les chats, Anne Davis prétend que ce fidèle félin est le meilleur ami du poète car c’est « une sorte d’artisan en chambre ». « Avec l’écrivain ou le poète, le chat est tranquille. Il peut dormir sur ses deux oreilles pendant que son maître écrit ». Il est aussi bien son plus fidèle complice dans l’euphorie de la création que son amical compagnon de misère devant la feuille blanche qui refuse obstinément de se noircir. Nombreux sont les écrivains qui ont eu cet animal pour leur tenir compagnie dans l’exercice solitaire de leur art. Anne Davis a ainsi regroupé quarante-huit poèmes écrits par presque autant d’auteurs différents pour célébrer le chat dans tous ses états à travers cette anthologie qu’elle a mise en forme.

Elle a puisé aux meilleures sources empruntant des vers à du Bellay et la Fontaine aussi bien qu’à Apollinaire dont nous venons de célébrer le centième anniversaire de la mort, Baudelaire, Rostand, Boris Vian ou d ‘autres poètes tout aussi talentueux. Elle ne s’est pas limitée à la littérature française, elle a trouvé de très jolis vers célébrant les chats dans des poèmes de Yeats, Wordsworth, Rilke, Garcia Lorca, Borges… et d’autres encore.

En ce qui me concerne, j’ai surtout rencontré des chats dans mes lectures nippones, Ils y sont très présents et l’auteure, ou l’éditeur, le sait bien, elle a choisi une estampe japonaise pour illustrer la couverture de ce recueil. Je me souviens que Yasuchi Nosaka, l’auteur de la si émouvante nouvelle, « La tombe des lucioles », a écrit « Nosaka aime les chats », Takashi Hiraide « Le chat qui venait du ciel » et Minami Shinbô « Mes chats écrivent de haïkus ». Mais ce sont deux textes en prose et un recueil de haïkus et Anne Davis a choisi de proposer une anthologie en vers. Les chats sont tellement nombreux à se faufiler entre les lignes entassées sur les rayons des bibliothèques que je retiendrai surtout ceux qui ont inspiré les poètes choisis par Anne Davis.

Comme ce mignon chaton niché au creux de la première strophe du poème « Nous les chats » de Marc Alyn :

« Si vous saviez ce qu’il y a
Dans l’œil sans fond d’un petit chat,
Qu’il soit jaune, vert ou lilas
Vrai, vous n’en reviendrez pas ! »

Et celui qu’Apollinaire voudrait voir chez lui aux côtés de sa femme et de ses amis pour faire belle compagnie en toute saison :

« Je souhaite dans ma maison :
Une femme ayant sa raison,
Un chat passant parmi les livres,
Des amis en toute saison
Sans lesquels je ne peux pas vivre ».

Et tous ceux que l’illustrateur a joliment dispersé au fil des pages de ce recueil.