Passions de femmes au temps de la reine Margot, 1553-1615
de Robert Muchembled

critiqué par Sahkti, le 11 juin 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
La place de la femme
Histoire ou roman historique? A voir. Un peu des deux, certainement.

A l’époque de la Reine Margot, il est souvent dit que les femmes n’avaient le droit à rien, surtout pas de se plaindre, qu’elles devaient se contenter de leur sort et faire honneur à leur époux. Tout manquement à ces obligations pouvait attirer les foudres de Dieu, des magistrats et du mari courroucé. Ce n’est pas pour autant que ces femmes avaient envie de se taire, elles rêvaient de libertés et certaines ont eu le tort ou l’imp(r)udence de le faire savoir.
Place peu enviable que celle de la femme au XVIe siècle. Robert Muchembled a épluché des centaines de minutes de procès de ces femmes accusées des pires crimes et dont le principal était d’avoir dit haut ce qu’elles pensaient depuis longtemps. A travers ces archives judiciaires, c’est l’histoire de la condition féminine qui est évoquée par l’auteur, dans ses combats et ses avancées.
Des procès durs, des jugements révoltants, la transgression semblant alors la seule possibilité de s’affranchir de l’asservissement à son mari ou à la société religieuse et politique. La sexualité fut souvent le moyen de se dégager d’un tel poids et les annales judiciaires regorgent de procès de religieuses déviantes, de mères célibataires, de prostituées, de femmes adultères... condamnées à mort.
Au départ de jugements rendus pour avortement, adultère ou pensées impures, l’auteur raconte comment toutes ces femmes étaient accusées de collusion avec le diable. Leur vie nous est contée, leurs passions, leurs bravades de l’interdit, le tout symbolisé par la Reine Margot, reine des rebelles.