La quincaille des jours
de Francesco Pittau

critiqué par Débézed, le 12 novembre 2018
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Poésie déambulatoire
Francesco, c’est comme un gros nounours qui grogne juste pour faire croire qu’il est de mauvaise humeur, mais dans ce recueil, il apparait comme un gamin plein d’insouciance qui profite avec joie et bonheur des choses les plus infimes que la nature offre pour se prélasser mollement dans l’azur d’un ciel clair et la lumière d’un soleil éblouissant.

« Saoulé d’azur
et de lumière
couché dans l’herbe
de la prairie
je regarde passer
les nuages. »

On ne peut pas avoir quelques racines du côté de l’Italie et ne pas aimer la balle ronde qui rebondit au bon gré d’habiles pieds. Francesco, lui, ne joue peut-être pas à ce jeu mais il sait merveille jongler avec les pieds, ceux des vers, qu’il dépose avec délicatesse sur son petit carnet, terminant souvent son poème par un joli contrepied.

« Dans le petit carnet
retrouvé
j’ai écrit au crayon
bleu
une suite de mots
qui ne veut rien dire
de plus
que toutes mes phrases
arrangées :… »

Sur les pages de son carnet, il a mis tous les petits bonheurs qu’il capte au gré de ses pérégrinations autour de sa maison, rarement plus loin, et dans l’armoire il a enfermé sa mauvaise humeur d’ours grognon pour ne garder que les petites et grandes joies que lui offre la vie.

« Dans l’armoire
aux conserves
j’ai rangé ma vieille
colère
celle qui grigne
celle qui grogne
je l’entends râler
et rager
pendant que je tartine
du soleil sur mon pain blanc »

Dans notre époque où tout semble vouloir tourner à la folie, quel bonheur de lire un recueil d‘une telle fraîcheur, d’un tel irénisme, écrit avec un tel talent. Francisco, c’est un grand homme de lettres, c’est le Giovanni Rivera de la poésie, l’homme aux pieds d’or. Je ne m’en lasse jamais !