Avec elle
de Solène Bakowski

critiqué par Bernard2, le 29 octobre 2018
(DAX - 74 ans)


La note:  étoiles
Deux auteurs pour deux romans avec le même début et les mêmes personnages.
L'histoire commence en 2004, dans le nord de la France.
Thierry et Patricia forment un couple de Français modestes qui, dans le bonheur et la joie, donne un jour naissance à deux magnifiques jumelles, Jessica et Coline. Si les jeunes parents sont heureux et fiers de leur progéniture, il n'en reste pas moins que pour Patricia, qui est aussi coiffeuse salariée, la charge de travail domestique a augmenté dans des proportions auxquelles elle ne s’attendait pas durant sa grossesse. Aussi, au fil du temps et malgré toute la gentillesse de son mari, elle devient nerveuse et quelquefois irascible. L'ambiance du couple se dégrade lentement. Pour autant, inséparables et cependant toujours prêtes à se chamailler pour n'importe quel motif afin de mieux se réconcilier ensuite, les deux sœurs grandissent dans un foyer agréable et chaleureux. Jessica, dont le caractère est plus exubérant que celui de sa sœur Coline, attire plus facilement les regards. Elle sait se mettre en valeur, susciter l'affection et les caresses de son entourage. Sans en avoir vraiment conscience, la maman va, au fil du temps, lui porter davantage d’attention.
Les enfants ont six ans et un jour de 14 juillet, à la suite d’un amusement qui se termine par la casse d’un coûteux flacon de parfum, la maman punit arbitrairement l’une des deux jumelles, Coline. Cette dernière sera privée de feu de d’artifice et restera avec son père à la maison.
Au moment de partir, Jessica, toujours délicate et féminine insiste pour porter ses jolies sandales roses qu'elle juge mieux assorties à sa robe. Animée d'un sens pratique tout à fait justifié, Patricia lui impose de mettre ses baskets et finalement, la mère et la fille doivent se dépêcher pour arriver à temps sur le parking du lac où la manifestation doit se dérouler. Une fois arrivée, la jeune maman rencontre l’institutrice des jumelles qui s’étonne de ne pas voir Coline. Une conversation s’engage entre les deux adultes. Non loin de là, un groupe d’enfants tourne autour d’un homme qui distribue gratuitement des colliers fluorescents. Attirée par l’agitation des gamins, Jessica manifeste son désir d’aller, elle aussi, chercher un objet publicitaire. Mais sa mère la retient en la morigénant, ce qui étonne l’enseignante. Quand enfin Patricia se décide à laisser sa fille satisfaire son vœu, elle s’aperçoit que l’un des lacets de cette dernière est défait. Elle prend donc le temps de le refaire, au grand dam de Jessica qui voit s’éloigner tous ses espoirs.
Au moment où les premières fusées explosent dans le ciel obscur de la ville, Jessica s’éloigne de sa maman. A cet instant précis, la vie de toute sa famille va basculer.
C'est le point de départ de ces deux romans. La suite diffère totalement, montrant combien le cours de la vie ne tient souvent qu’à un tout petit détail, un geste de rien qui ne dure que quelques secondes, mais qui a des conséquences souvent inimaginables. Que serait-il arrivé si Patricia n'avait pas insisté pour refaire le lacet défait de sa fille ? Que se serait-il passé si Jessica, sans écouter sa mère, était simplement partie en courant rejoindre le groupe d’enfants ?
Avec des personnages identiques et une trame quasiment semblable, Solène Bakowski et Amélie Antoine vont construire deux romans très différents, à la fois émouvants et tendres.
On peut donc lire avec intérêt ces deux livres. Mais leur qualité littéraire est très inégale. Solène Bakowski, fidèle à elle même, nous offre un texte fort, à l'intensité dramatique qui ne faiblit jamais. « Sans elle », d'Amélie Antoine est par contre d'une écriture mal maîtrisée, avec des longueurs sans le moindre intérêt, et un style assez pauvre. Il vaut mieux s'en tenir à « Avec elle ».