Le livre de l'hospitalité, accueil de l'étranger dans l'histoire et les cultures
de Alain Montandon

critiqué par Sahkti, le 8 juin 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Entrez donc...
"Dans les anciens temps, on se faisait une haute idée des lois de l’hospitalité. Dans nos villes brillantes, elles ne sont plus que des règles de politesse" (Knigge)

Voici un livre qui mérite de se voir offrir l’hospitalité. D’abord parce qu’il est lourd (très lourd !) et qu’il a besoin d’être manipulé avec soin. On doit donc lui réserver un espace de lecture pour lui tout seul. Ensuite parce qu’il nous invite à une balade au fil des siècles sur les routes de l’accueil, de l’hospitalité et de l’amitié, un contenu qui demande du temps et de la méditation, qui a besoin d’être palpé et réfléchi, soupesé, déposé puis repris.

Parcourant citations et textes connus, Alain Montandon nous invite à un bien agréable (et enrichissant) voyage. Ulysse se demandait comment il serait accueilli pendant son Odyssée, distinguant les sauvages sans justice des hommes hospitaliers grâce au traitement qu’ils réservaient aux arrivants.
Il semble évident que le partage et l’accueil apporté à un arrivant est une des caractéristiques de ce que l’on appelle la civilisation. Mais ne confond-on pas celle-ci avec bienséance dans la plupart des cas ? Est-ce vraiment être civilisé ?

A l’aide des nombreux articles et chapitres, j’ai appris pas mal de choses sur les règles en la matière, les habitudes variant selon les endroits ou les époques. Je ne savais pas, par exemple, d’où venait l’expression "porter un toast", que l’on doit à un ancien rituel anglais destiné à souder invités et maîtres de maison.
« Lorsque l’on portait une santé à la fin des repas, on mettait une croûte de pain rôtie (toast) dans sa tasse. Après avoir fait le tour de la table, la tasse que chaque convive avait portée à ses lèvres revenait au premier qui buvait la liqueur et mangeait la croûte rôtie » (Jean-Jacques Boutaud, "Commensalité")

Les récits de voyageurs cités dans ce gros ouvrage richement documenté indiquent que l’hospitalité des Bédouins ou des peuples du Grand Nord est sans commune mesure avec les autres ; sans doute parce que trouver de quoi étancher sa soif ou se réchauffer était alors d’une nécessité vitale.
Si Montandon et son équipe font le tour des us et coutumes en la matière, ils n’oublient pas non plus de parler des "faux hospitaliers", ceux qui comme Circé ou Polyphème ne vous accueillent pas forcément avec les meilleures intentions du monde.

Etymologie et étude historique du terme hospitalité et des mots accolés permettent de comprendre comment la notion a été véhiculée au fil des âges. Le découpage des chapitres et l’organisation des différentes contributions sont clairs et pratiques, c’est thématique tout en demeurant plus ou moins chronologique.
Un livre à parcourir sans modération tellement il est riche en informations et enseignements divers.