À chacun son dû
de Leonardo Sciascia

critiqué par CC.RIDER, le 28 septembre 2018
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Parodie policière
Dans une petite ville de Sicile, Manno, pharmacien de bonne réputation reçoit une lettre anonyme fort inquiétante. Ne se connaissant pas d’ennemis et pensant n’avoir rien à se reprocher, il croit à une plaisanterie de mauvais goût. Mais quelque temps plus tard, au cours d’une partie de chasse, il est assassiné ainsi que son partenaire, le bon docteur Roscio. Craignant que l’enquête ne mène à rien, Laurana, professeur de son état et grand ami du docteur, décide de rechercher le coupable. Il fait alors quelques découvertes étonnantes sur la vie privée des deux notables et n’est pas loin de confondre le coupable du double meurtre. Mais rien ne se passe comme prévu.
« À chacun son dû » est plus une parodie de roman policier qu’un authentique « whodonit » style Agatha Christie. Sciascia se sert du motif criminel pour nous dépeindre une société sicilienne d’après-guerre gangrenée par les diverses mafias et apparemment encore nostalgique de l’époque mussolinienne. Sa plume est acérée et son esprit sarcastique a quelque chose de Simenon bien que lui-même soit plus influencé par Pirandello, auteur auquel il semble vouer une grande admiration, au point d’en imiter le style et même de mettre en scène le maître par le biais d’un personnage secondaire, Don Luigi. Ce dernier a même le tout dernier mot : « C’était un crétin ! » en parlant du pauvre Laurana. Humour et désenchantement sont au rendez-vous. Un bon moment de divertissement.