La Disparition de Kat Vandale
de Christian Giguère

critiqué par Libris québécis, le 19 septembre 2018
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
L'Univers des effeuilleuses
En lisant les commentaires des chroniqueurs, j’ai eu l’impression qu’il fallait aimer ce polar à tout prix. À mon humble avis, c’est loin d’être réussi contrairement à ce que chacun proclame.

L’auteur, natif de mon quartier à Montréal, est un nouveau venu en littérature. La rampe, qui sert de lancement à son roman, se situe dans la rue que j’habite à Rivière-des-Prairies. Le décor bucolique en bordure de la rivière m’est familier, mais la trame cible un tout autre univers, soit celui des effeuilleuses et des prostituées qui officient généralement au centre des grandes villes.

Catherine Champagne, alias Kat Vandale, travaille pour une agence qui regroupe de jeunes femmes pour servir une clientèle de choix. Certaines sont des étudiantes universitaires. Elles sont en somme cultivées. D’ailleurs l’auteur profite de son premier roman pour faire l’étalage de sa culture autant au plan musical que littéraire et pictural. Ceux qui ne se sont pas initiés aux nouvelles tendances se heurteront à un monde culturel privilégié surtout par la jeunesse. N’empêche que c'est un tour d'horizon qu’il est souhaitable d'explorer pour se mettre à jour. Mais cet apport défigure un tantinet le genre policier auquel Christian Giguère a voulu s’adonner en écrivant cette première œuvre.

Peut-on parler de polar ? Les pointilleux sourcilleront. Ça respecte vaguement les normes du genre. Le projecteur est plutôt dirigé vers les coulisses où se tiennent ceux qui se nourrissent au râtelier de la sexualité monnayée. Les gangs de rue, les proxénètes, la mafia, les motards criminalisés protègent jalousement le territoire où ils opèrent leur lucratif commerce. Ils sont prêts à tout pour sauvegarder leur monopole. Meurtres, enlèvements, chantage sur les réseaux sociaux, tout est bon pour rester en selle. Et la clientèle est au rendez-vous, voire les politiciens dont la collusion avec les entrepreneurs véreux et le monde interlope est bien connue depuis l’enquête Charbonneau, qui a fait la lumière sur ces accointances.

Retrouvera-t-on Kat Vandale ? L’auteur allongera indûment la sauce avant de servir son plat. Même si le roman ne compte que 200 pages, il faut du courage pour en terminer la lecture. C’est un vrai galimatias narré par de nombreux personnages. On réussit à peine à les démêler. Un seul narrateur aurait été plus judicieux. Ce n’est pas assez éthéré. Et l’écriture lourde n’aide pas à la compréhension de l’œuvre. Par contre, on peut apprécier que l’auteur ait mis le focus sur une société dans laquelle la femme est encore le jouet des profiteurs.

Le sujet est très à la mode au Québec. Ça ressemble à l’émission La Fugueuse. D’ailleurs l’œuvre ressemble davantage à un feuilleton, chaque chapitre répondant à un épisode. En littérature, il faut que les éléments soient plus homogénéisés..