critiqué par Kostog, le 30 août 2018
( - 51 ans)

La note: étoiles

Chef-d'oeuvre de dessin réaliste

La trame général de l'album est celle du célèbre conte des frères Grimm connu dans les pays francophones sous le nom du Joueur de flûte de Hamelin. André Houot insère adroitement dans le récit une amourette de deux jeunes gens qui renforce encore l'intrigue. Elle finit également de manière tragique en raison de la banale méchanceté et peut-être de la haine des habitants de la ville pour la beauté et l'étrangeté de la jeune fille traitée comme une sorcière. Comme dans le récit des Grimm, deux enfants restent en arrière...

André Houot est sans nul doute l'un de nos plus grands dessinateurs réalistes. Cette ville et ce décor du Moyen-Âge lui permettent de montrer toutes les facettes de son talent : les tours de guet, les façades à colombage, les puits ouvragés, les boiseries sculptées les clochers qui dominent la ville constituent un véritable condensé d’art médiéval qui enchantera tous les amateurs d'histoire. La diversité des points de vue et des cadrages ajoute encore au plaisir de la découverte de cette ville du Moyen-Âge. De surcroît, Houot porte une grande attention aux mille détails de la vie quotidienne ce qui fait de chaque vignette un régal en soi.

On admirera la beauté des encrages extrêmement précis dans les détails, mais aussi le soin apporté aux bulles qui forment de pittoresques circonvolutions, aux encadrés narratifs qui se rapprochent d'enluminures.

Le traitement du Moyen-Âge et, en partie, le procédé narratif font penser à celui de François Bourgeon dans son remarquable album le Dernier Chant des Malaterre. Les trognes des bourgeois et des habitants forment une extraordinaire galerie de portraits. Comme chez Bourgeon, les habitants sont davantage portés vers la cruauté que vers la clémence. ici, personne ne rattrape l'autre, les faibles ne sont pas plus compatissants que les puissants. Aussi, le cheminement dramatique est sans pitié et implacable. Les rats sont impressionnants et nul ne vient à douter du fléau qu'ils représentent ici.

Avec un peu d'humour, on pourrait se poser la question si le récit n'est pas une uchronie de la situation de la ville de Paris aujourd'hui avec d'une part le matraquage fiscal des édiles de la ville sous forme de la rapacerie des bourgeois et, dans les deux cas, la prolifération des rats. Mais, on dépasse sans doute de très loin le propos d'André Houot...

Pour en revenir à notre album, la richesse du dessin et le remarquable souci de reconstitution du monde médiéval alliés à un solide scénario font pour moi d'Hamelin une bande dessinée de référence.

Pour apprécier quelques planches, ce lien
http://pausebd.canalblog.com/archives/2016/…