La valeur de l'art contemporain
de Annie Cohen-Solal, Cristelle Terroni

critiqué par Septularisen, le 25 août 2018
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
L’ART CONTEMPORAIN ET SA VALEUR
Présenté par Annie COHEN-SOLAL et coordonné par Cristelle TERRONI, ce livre évoque les modes d’évaluation de l’œuvre contemporaine. Il réunit trois articles, un entretien avec un auteur et une recension.

Dans son texte d’ouverture, intitulé «Heurs et malheurs de la France face au marché de l’art contemporain », Mme. Annie COHEN-SOLAL (*1970, spécialiste de l’histoire de l’art américain du XXe S.) raconte la difficile histoire de l’émergence de l’art contemporain en France, jusque dans les années 1980.

Mme. Nathalie MOREAU (spécialisée en économie de la culture) nous explique le «décrochage» entre la valeur économique et la valeur artistique des œuvres, considéré comme l’une des caractéristiques essentielles de l’art contemporain.
Elle procède notamment en comparant les résultats du "Kunst Kompass" (initialement établi par Willi BONGARD 1931-1985), à ceux du marché de l’art. Le processus fonctionne avec un certain nombre de «points», attribués à différentes institutions d’art contemporain, revues spécialisées, grandes expositions internationales… P.ex. une œuvre d’art achetée par le Centre Pompidou à Paris «vaut» 800 points. Un peu court comme méthode au jour d'aujourd'hui, quand on sait que les œuvres de certains artistes sont aujourd’hui tellement chères que même les musées (notamment en France…) n’ont plus assez d’argent pour les acheter!

Mme. Cristelle TERRONI (*1982, chercheuse sur l’histoire culturelle américaine et l’art américain contemporain) nous propose sans doute l’article le moins intéressant (intitulé: «Comment définir l’art contemporain»), puisque il ne s’agit de rien d’autre que d’une recension du livre «Paradigme de l’art contemporain » de Mme. Nathalie HEINICH. Mme. TERRONI ne fait rien d’autre ici qu’un vaste résume de la pensée de la sociologue, qui développe le concept : Art contemporain = «impératif de transgression».

L’entretien avec Mme. Anne MARTIN-FUGIER (*1950, historienne de l’art), intitulé: «L’art contemporain à la française», est sans doute la partie la plus intéressante du livre.
Elle nous parle de façon directe et franche de la vie des artistes français (mais aussi des galeristes et collectionneurs…), et de leurs difficultés matérielles de tous les jours, le tout, loin, très loin des clichés véhiculés, notamment par les médias américains.

L’article de Mme. Cléa PATIN (spécialiste du Japon), intitulé : «Les artistes japonais à l’épreuve de l’internationalisation», fait le constat du manque de dynamisme du
marché de l’art contemporain au Japon, (constat qui pourrait d’ailleurs tout aussi bien s’appliquer au marché français…).
Elle fait le point sur les différentes «stratégies d’expatriation» des jeunes artistes japonais pour arriver à se vendre à l’étranger. Ils s’orientant notamment vers des œuvres de plus en plus «art orienté marché» et reconnaissance internationale et des œuvres qui sont de moins en moins «artistiques».

Je dois dire que j’ai été déçu par ce livre, surtout parce que j’ai trouvé que l’on ne parlait pas assez des œuvres d’art elles-mêmes! P. ex. pourquoi ne pas expliquer pour une œuvre d’art bien précise les différentes variations prix de vente, avec la chronologie, les différentes ventes en galerie, ou aux enchères, etc…

Je finis donc la lecture de ce petit livre sur un avis un mitigé. C’est intéressant et très bien écrit, par des gens dont on voit clairement la compétence et le savoir… Mais il n’éclaire pas vraiment l’art contemporain aux yeux du grand public, ne donne pas vraiment des clefs pour mieux le comprendre, l’apprécier, en savoir plus, et pourquoi pas... L’aimer… Donc rien d’intéressant pour un simple amateur….