Ce roman de Kundera est bien plus court que ses précédents. Comme souvent, le roman contient de nombreux personnages dont les récits s'entrelacent. Ramon veut se rendre à l'exposition de Chagall, mais il y a beaucoup de monde. Alain a une théorie sur les nombrils des filles bien originale et plaisante. Caliban, au prénom hautement littéraire, est acteur et décide de faire croire qu'il est pakistanais, quitte à en inventer une langue bizarre. Charles souhaite monter un spectacle de marionnettes sur des figures historiques russes. Tous ces personnages se retrouvent à un cocktail où règne l'insignifiance.
Tous les éléments de ce roman convergent vers le thème de l'insignifiance ce qui amène à réfléchir sur l'existence. Ce court roman qui peut sembler simple suscite des questionnements et des interrogations métaphysiques. On en vient à se demander ce qui est essentiel dans la vie. Evoquer régulièrement Staline n'est pas anodin. On s'attendrait à l'évocation des monstruosités de ce dictateur. Il n'en est rien. Ce sont des points plus insignifiants qui sont convoqués ici. C'est une facette fantaisiste de cet homme qui est mise en avant ici. Le rire reste aussi un fil directeur de ce roman, comme s'il était indissociable de certains drames.
Le fait que le texte soit court ne permet pas au lecteur se se familiariser avec tous les personnages comme cela était possible dans "La Plaisanterie", et pourtant derrière une apparente légèreté Kundera soulève plein de thématiques intéressantes. le choix d'un spectacle de marionnettes n'est pas choisi par hasard. Et si nous étions tous des marionnettes dans la mémoire des hommes où chacun tire les ficelles qu'il souhaite et réveille les souvenirs qu'il souhaite. Par sa portée symbolique ce texte rappelle la fable. Derrière certaines scènes qui pourraient sembler futiles ou insignifiantes se cachent des vérités. Et puis on imagine bien Kundera s'amuser ici, déconcerter et lancer plein des pistes.
Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 18 janvier 2020 |