Pour l'amour de l'Inde
de Catherine Clément

critiqué par CC.RIDER, le 12 juin 2018
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Ouvrage de référence
Le 4 février 1922, à Chauri-Chaura (Inde), un rassemblement pacifique et non-violent inspiré par Gandhi s’achève dans le calme. Mais des policiers, croyant entendre quelques moqueries, commencent à taper sur les trainards. La foule se rebiffe. Les flics commencent par tirer en l'air puis sur les gens. Arrivés à court de munition, ils finissent lynchés. Gandhi est désespéré. L’indépendance de l’Inde qu’il appelle de ses vœux ne suivra jamais le cours d’un long fleuve tranquille… 1947 : Lord Louis Mountbatten, petit-fils de la reine Victoria, est intronisé dernier vice-roi des Indes. Son épouse, la frivole lady Edwina, va devoir l’épauler dans la lourde tâche de négociation qui lui échoit. Comment satisfaire les ambitions des musulmans de Jinnah, les désirs des Hindous de Nehru et Gandhi sans parler des prétentions des Sikhs ? Comment éviter l’atomisation du sous-continent et réduire le bain de sang qui s’annonce ?
« Pour l’amour de l'Inde » est avec « Cette nuit la liberté » le meilleur texte sur cette période troublée. Ce gros pavé parfaitement documenté (567 pages) se dévore comme un roman tant les faits sont parfaitement décrits et tant les principaux personnages, les Mountbatten, Nehru, Jinnah et surtout Gandhi sont rendus vivants. Tous les évènements étant authentiques, on ne peut pas parler de roman historique, mais plutôt de fresque, voire d’épopée véridique. L’idylle, sans doute platonique, entre Edwina et Nehru n’est même pas romancée et, heureusement, ne représente pas l’essentiel de l’intérêt du livre. L’Histoire se taille la plus belle part. En fin d’ouvrage, le lecteur trouvera tout un chapitre sur les sources et commentaires, ce qui est assez rare et montre l’honnêteté de l’auteure ainsi que son désir de coller au plus près de la réalité historique. La réalité dépassant souvent la fiction, il n’est nul besoin d’inventions ou de travestissements de la vérité pour produire une belle œuvre de référence.