Oblivion song T01
de Robert Kirkman (Scénario), Lorenzo De Felici (Dessin), Annalisa Leoni (Couleurs)

critiqué par Blue Boy, le 27 octobre 2018
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Intéressant sans être renversant
A Philadelphie, les choses ont changé depuis cet étrange phénomène survenu il y a dix ans, baptisé la « Transférance ». Une partie entière de la ville fut alors mystérieusement happée vers une autre dimension, peuplée de monstres gigantesques. Nathan Cole s’est fixé pour mission de retrouver et sauver. Mais la tâche s’avère compliquée, alors que son obsession pour Oblivion ne cesse de croître.

Bénéficiant d’une publicité impressionnante, avec « lancement exclusif en Europe, avant même les USA ! », la nouvelle série de Robert Kirkman était annoncée comme « incontournable ». Le créateur de « Walking Dead » pouvait-il donc faire mieux après sa saga culte, d’ailleurs toujours pas arrivée à son terme ? Avec « Oblivion Song », Kirkman semble cultiver sa marque de fabrique, une certaine attirance pour les mondes en déliquescence, dont l’historique permettant d’en connaître la cause n’est jamais révélé.

Ce premier épisode, qui démarre sur des chapeaux de roue, met vite dans l’ambiance, même si on ne comprend pas d’emblée qui sont et ce que font les différents protagonistes. Pourtant, tout va se mettre assez vite en place dès les premières pages, et c’est bien là que réside le talent narratif de l’auteur américain qui par ailleurs ne néglige jamais l’aspect psychologique de ses personnages - même si à ce stade, il est un peu tôt pour s’y attacher. Avec ses créatures difformes et dépourvues d’yeux, Robert Kirkman cherche visiblement à renouer avec le côté horrifique qui caractérise « Walking Dead ». Mais là où la série à zombies possédait ce côté « crédible », plus terre-à-terre, ce nouveau récit peine à véritablement convaincre, restant tout au plus intrigant. Cette dimension parallèle, sorte d’organisme géant qui a comme absorbé une partie de la ville de Philadelphie, confère au scénario une tonalité SF qui cadre mal avec le contexte contemporain, tout comme l’invention utilisée par le héros Nathan Cole pour conduire sa mission, des balles « téléportantes » destinées à ramener les gens dans le monde « réel ».


De même, ceux qui comme moi appréciaient la « lenteur » de « Walking Dead » risquent de souffrir de la mise en page nerveuse et peu fluide réservée aux scènes d’action, potentiellement source de confusion. Quant à l’Italien Lorenzo De Felici, il remplit parfaitement le cahier des charges avec son dessin clairement orienté « comics ». Propre et sans bavure, à la limite presque trop lisse, il colle au spectaculaire caractérisant l’histoire, mais ne se distingue guère du style en vigueur pour le genre. Toutefois, un des points positifs, et le plus troublant aussi, qui du coup ancre le récit dans notre début de siècle, est un personnage de femme : la compagne d’Ed (le frère de Nathan), d’apparence masculine, plus baraquée que ce dernier si bien qu’elle lui sert aussi de garde du corps !

« Oblivion Song » bénéficie d’un scénario intéressant sans être renversant, avec un bon gros mystère semi-apocalyptique façon bubble-gum psychédélique qui pourra accrocher certains. Il est vrai qu’on aimerait tout de même bien savoir (ce) qui se cache derrière cette guerre inédite des dimensions. Après une introduction en demi-teinte, le deuxième volet sera à coup sûr décisif quant à la capacité de cette nouvelle œuvre du maître es zombies à provoquer un réel engouement du public.