Les affaires sont les affaires
de Octave Mirbeau

critiqué par Alceste, le 4 juin 2018
(Liège - 62 ans)


La note:  étoiles
JR à la Belle Epoque
"Les affaires sont les affaires" : maxime désabusée et cynique, prononcée par le féroce Isidore Lechat, grand brasseur de capitaux, odieux avec ses domestiques, condescendant avec son épouse, intraitable avec ses interlocuteurs.

Type même du capitaliste du début du XXe siècle, il étend ses activités et son domaine personnel avec un appétit d'ogre, convoite le mode de vie de l’aristocratie déclinante, a fondé un journal et se présente aux élections, sur une liste socialiste…

Sa fille sert parfois d’«appoint » au moment de régler une affaire, mais, jeune personne idéaliste, elle se révolte intérieurement contre les agissements paternels et lui prépare une surprise de taille…

Unité de temps, unité de lieu, unité d’action, l’œuvre, la plus connue de Mirbeau avec le « Journal d’une femme de chambre », est un classique du théâtre, joué régulièrement jusqu’à nos jours. Elle vaut surtout par ces scènes jubilatoires où Lechat retourne littéralement ses interlocuteurs comme des crêpes : d’abord cauteleux et patelin, il les bouscule par ses menaces ou ses propositions dénuées du moindre scrupule, puis les laisse sans voix pour leur imposer ses conditions, les dépouiller ou les gruger. J'ai cru retrouver un JR Ewing de la Belle Epoque, dans un univers impitoyable situé quelque part en Île-de-France.