Utopia XXI
de Aymeric Caron

critiqué par Colen8, le 3 juin 2018
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Place au rêve
Les avatars de Thomas More et d’Aymeric Caron rêvés pour l’occasion commencent par dialoguer sur ce qu’aurait pu être l’Utopie du premier (1516) actualisée de nos jours. La suite déroule les mensonges de nos démocraties infectées par un néolibéralisme dévastateur pour l’ensemble de la vie sur terre, imposé néanmoins « au nom de la liberté » par une minorité de riches et de puissants, sans autre mérite que le goût de l’argent comme valeur suprême. Un totalitarisme « soft » a envahi l’Occident pour le soumettre à une autre dictature, celle qui gomme en quelque sorte la pensée critique et indépendante. Les contre-propositions utopiques présentées ici n’ont rien de révolutionnaire.
Elles revendiquent prioritairement le respect du vivant en tout lieu, celui des espèces animales sensibles, les faunes sauvages massacrées, les animaux d’élevage torturés sans nécessité, l’environnement et la biodiversité. Pour l’épanouissement de la société elles aspirent à un gouvernement mondial transfrontière guidé par une bonne partie des principes adoptés au nom du Conseil National de la Résistance (CNR) lesquels en 1946 ont instauré l’Etat-Providence avec la Sécurité Sociale puis ont accompagné les Trente Glorieuses. Elles se prolongent à terme en vertu des gains de productivité associés aux robots et à l’intelligence artificielle par la revendication d’une semaine de 15 heures de travail pour tous accompagnée d’un revenu universel décent et d’une limitation du salaire maximal.
Les moyens d’y parvenir sont moins dans un quelconque programme venant d’en haut, que dans la capacité dont la majorité d’en bas pourrait se saisir en refusant à tout moment ce qui ne lui convient pas, quitte à laisser faire pour le reste. Sur un fond d’économie politique largement connu et développé l’originalité d’Aymeric Caron réside dans l’aisance avec laquelle il décrypte la complexité de notre monde : analyse historico-philosophique synthétique, argumentation actualisée, bref une lecture agréable enrichie d’une multitude d’exemples et d’anecdotes. Vilipendé dans les réseaux sociaux, celui-ci se définit comme radical antispéciste non extrémiste.