Lara Gardner a disparu
de Hélène Delhamende

critiqué par Catinus, le 1 juin 2018
(Liège - 72 ans)


La note:  étoiles
Brillant, une fois de plus
Jeanne Morin, une jeune femme, découvre un sac à main dans un vestiaire. Ce sac appartient à une écrivain en vue : Lara Gardner. Quelle mouche a piqué Jeanne ? Au départ, la curiosité sans doute. Elle fouille, trouve des papiers, des clefs et surtout un téléphone portable. Des messages, des coups de téléphone donnés par des personnes qui connaissent bien Lara Gardner sont, semble-t-il, restés sans réponses. Peu de doute possible : la romancière a disparu. Tout se précipite très vite, Jeanne entre dans un jeu stressant qui ressemble fort à une souricière …
Après « Ma mère … quand ça l’arrange », « La maison de l’autre côté du lac », revoici l’écrivain liégeoise Hélène Delhamende dans un troisième roman tout aussi brillant que les deux autres. On pourrait assurément lui retourner les mots qu’elle emploie, dans ce livre, pour décrire l’écriture de Lara Gardner : « Vous avez une plume, un style … C’est indéniable. Il m’arrive de passer des nuits entières à vous lire, à rester éveillé en votre compagnie ».

Un thriller agrémenté d’une bonne part de psychologie (sans prise de tête). Brillant, une fois de plus !


Extraits :

* Frank est serveur au Starbucks café, un endroit branché que l’on fréquente comme le Carson, surtout peut-être pour être dans le coup. On y fait des selfies, un expresso greffé à la main, parce ce que c’est la mode de poser au côté d’une sirène à deux têtes de l’art roman. Le problème, c’est le concept : une vraie parodie américaine. On y boit le café dans des gobelets en carton, que l’on paie trois fois plus cher qu’un café ordinaire, et qui est trois fois moins bon. Et quand on ressort, on n’est pas à New York. On n’est pas à Los Angeles. On est à deux pas des Jardins des Tuileries.

* On devrait se méfier des gens qui nous aiment. Parce qu’un jour, ce sont les mêmes qui nous détestent.

* Je me rends compte à quel point je peux mobiliser les gens qui m’entourent, les faire tourner autour de mon doigt, perturber le cours de leur vie … Lui, par exemple. Si je lui demandais de choisir entre le foot, la bière et moi, je suis certaine qu’il me choisirait, moi. Et j’adore ça. Est-ce de la perversion ou tout simplement un besoin de reconnaissance ? … Je n’en sais rien … En fait, je préfère ne pas le savoir.

* Je camoufle ma déception derrière un sourire synthétique. Comme je suis passée professionnelle à ce petit jeu-là. Il ne remarque rien et nous passons à autre chose.

* - C’est qui, Peau d’pêche, sous les fleurs ?
- Une dame … Une dame qui est morte et qui de repose sous l’arbre.
- Elle s’appelle comment ?
- Monique . Monique Le Pennec.
- Et tu connais cette dame ?
- Non… C’est ma mère.

* Voilà, fin de l’histoire ! Vingt-et-un gramme. Le poids d’une âme à peine plus légère que la fumée d’un cigare. C’est tout ce qui reste de moi aujourd’hui. Est-ce encore utile que je vous dise quel jour, quelle heure ? Pourquoi, comment, quand … Finalement, ça servirait à quoi ?

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En bonus :
Dire Straits : « Why worry ? » :
https://www.youtube.com/watch?v=xzD8ZpYzHtE