Requiem pour une huître
de Hubert Michel

critiqué par Clarabel, le 27 mai 2004
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Où il est question de râté total ...
"Requiem pour une huître" raconte l'histoire d'une amitié entre deux hommes que tout sépare et rapproche à la fois. En commun tous deux sont des artistes manqués, l'un peintre, l'autre écrivain. Tous deux ont aussi loupé leur vie sentimentale, l'un marié par obligation, l'autre par complaisance. Du coup tous deux fuient cette vie pitoyable, se rencontrent et se plaisent presque instantanément. Parce qu'insidieusement on se rend compte que cette amitié semble plus chère au coeur du narrateur et que son compagnon peintre en profite largement...

Le peintre, Jacques Bénigne, vient de mourir avant de pouvoir fêter son anniversaire auquel le narrateur pensait être immanquablement convié. Mais l'invitation tombe à l'eau, aussi les préparatifs de sa petite personne. Le narrateur, qui nous cache son patronyme réputé cocasse, est un personnage fat, médiocre dans son boulot, fan de football, qui trompe sa femme et mire toute espèce féminine dans la rue. Sa rencontre avec Jacques Bénigne est une illumination dans sa vie: fasciné par le personnage, il cherche à se modeler suivant le caractère du peintre. Mais Jacques est aussi un être manqué, qui n'aime pas sa femme, se désintéresse de sa progéniture et tente de créer de nouvelles toiles (mais son inspiration est depuis longtemps noyée)... Bref, deux anti-héros par excellence, la rencontre entre deux râtés de la vie et une amitié mise en lumière par le narrateur tel un requiem funéraire.

Mais l'auteur pêche véritablement d'entretenir le maigre intérêt happé au début du roman, car très vite l'écriture lourde et ampoulée charge la lecture : "il usait d'un vocabulaire puisé dans divers champs sémantiques, un vocabulaire abscons et sibyllin quoique non technique, c'était sa force, où ne perçait nulle obsolescence, des mots rares saupoudrés ici et là qui donnaient à sa conversation un côté éthéré et enchanteur, un côté petit doigt levé qui lui seyait tellement, un côté lissage de moustaches de perplexité".
Au secours ! le lecteur parvient difficilement à bout des quelques 150 pages du roman. C'est assez pour se sentir éreinté et lassé ! Hubert Michel offre un bien piètre premier roman dont le quelconque intérêt continue de se chercher à la fin. Passable, ennuyeux et presque pédant.