Route d'Oxiane
de Robert Byron

critiqué par SpaceCadet, le 16 avril 2018
(Ici ou Là - - ans)


La note:  étoiles
Un voyage à travers le Moyen-Orient
Né en 1905 et éduqué parmi le gratin de la société britannique, (Eton, puis Oxford d'où il fut expulsé), historien et critique d'art, Robert Byron, s'est surtout fait connaître du grand public par ses récits de voyage. Il faut dire qu'à l'époque de leur publication, seule une petite minorité de gens pouvait se permettre de partir à la découverte des terres étrangères, si bien qu'on peut imaginer l'attrait qu'ait pu exercer ce genre de récit sur le lecteur rêvant d'évasion.

Rédigé sous forme de journal, commençant le 4 septembre 1933 au moment où, à bord du SS Martha Washington, le jeune Byron s'apprête à débarquer en Palestine, "Route d'Oxiane" s'achève le 8 juillet 1934, lorsque l'auteur retrouve sa famille en Angleterre. Entre ces deux dates, outre la Palestine, Robert Byron aura visité la Syrie, l'Irak, la Perse (Iran) et l'Afghanistan, poussant éventuellement jusqu'aux frontières du Turkestan russe (1) où l'accès à l'Amou-Daria, fleuve délimitant la région d'Oxiane et but ultime du voyage, lui sera interdit. Rebroussant chemin, il se dirige vers l'Inde, passant par Peshawar (actuel Pakistan) et Delhi, avant de monter à bord du RMS Maloja qui le ramènera en Angleterre.

Une aventure extraordinaire au long de laquelle, faisant peu état de son ressenti ou de la teneur personnelle de cette expérience, l'auteur s'attarde plutôt à transcrire celles de ses observations qu'il considère d'intérêt, un parti pris à travers lequel on peut lire une conception particulière du voyage de même qu'une volonté de contribuer et probablement de laisser une marque au sein de son domaine de prédilection.

Passant également sous silence les aspects sociologiques/humains auxquels il est exposé, on retrouve parmi ses commentaires: diverses considérations sur les transports, les communications ou les déplacements, sur les démarches relatives à l'obtention des autorisations requises ou à l'embauche de guides, sur les difficultés de la route, sur les lectures qui l'accompagnent, les rencontres consulaires et les soirées mondaines auxquelles il assiste, quelques considérations de nature économique ou politique, etc.. Mais c'est véritablement lorsqu'il aborde le sujet de l'architecture et de l'histoire de l'art, voire l'esthétique d'un paysage, que Byron donne toute sa mesure. Exhibant une solide connaissance de son sujet de même qu'usant d'un vocabulaire approprié, sa prose, souvent neutre, voire sèche et factuelle, se transforme alors en un véritable festival de mots et d'images.

C'est en accompagnant ma lecture d'un plan ainsi que d'images et de photographies des sites décrits (la plupart se trouvent sur le net), que j'ai pu prendre plaisir à suivre Robert Byron dans ses explorations, appréciant au passage la beauté et la richesse patrimoniale dont témoignent certains des emplacements et monuments évoqués.

Considéré comme un classique du genre, malgré quelques déficiences au niveau du contenu de même qu'un manque d'homogénéité dans la narration, le récit de monsieur Byron, loin d'être rendu obsolète par le passage des années, ouvre sur les régions parcourues, une fenêtre que l'on pourrait qualifier d'historique, de même qu'il permet au lecteur contemporain de découvrir en quoi pouvait consister l'expérience vécue par ceux qui, au début du siècle dernier, osaient (et pouvaient se permettre de) se lancer à la découverte des terres étrangères. Enfin, il va sans dire que les amateurs d'architecture et d'histoire de l'art devraient également y trouver leur compte.

Notes:

1. Région correspondant plus ou moins aux actuels Turkménistan, Ouzbékistan et Tadjikistan.

N.B. Ce compte-rendu fait référence à la version numérisée du texte en version anglaise publié en 1937 par MacMillan Co.