La nuit des Juifs-vivants
de Igor Ostachowicz

critiqué par Manhud Yrogerg, le 11 avril 2018
(Bruxelles - 46 ans)


La note:  étoiles
Etrange
Voici un ouvrage qui sort du commun. Une histoire de zombies écrit par l'éminence grise de Donald Tusk. A Varsovie, dans les années 2010, soudain les victimes de la répression du ghetto de Varsovie reviennent hanter les vivants. Nous avons aussi entre entre une apparition du diable en personne. Un humour grinçant mêlé au devoir de mémoire et une critique de la société de consommation. Pas mal du tout même si ce n'est pas franchement mon genre de livre préféré.
Des zombies pour mémoire 7 étoiles

"La Nuit des Juifs-vivants" est un roman déroutant. Le narrateur, un Varsovien quelconque, pas spécialement remarquable, entrepreneur qui filoute le fisc, vivant en couple avec une jeune femme qu’on ne connaîtra que sous le surnom de la Gigue (de manière générale, sauf erreur de ma part, on ne connaîtra le véritablement nom de personne à l’exception des Juifs), se retrouve au centre d’événements qu’il ne semble a priori pas prédestiné ni de taille à affronter : des Juifs zombies, morts à Varsovie pendant la Seconde Guerre mondiale, commencent à remonter des caves de certains immeubles de la ville. Un ou deux au départ, puis de plus en plus, et voilà le protagoniste bon gré mal gré investi dans la mission de veiller sur eux dans un pays qui n’a guère envie de se confronter à son passé, voire pour certains de ses habitants, s’avère nostalgique/admiratif de l’idéologie nazie.
La narration, vive et ironique, dynamise ce récit alerte et le héros malgré lui, qui en est le principal narrateur, est pour beaucoup dans l’intérêt que prend le lecteur à tourner les pages du roman : ses considérations, à la fois cyniques et morales, sont souvent savoureuses et renvoient habilement le lecteur à la question de savoir ce qu’il aurait fait, ce qu’il ferait…
Néanmoins, le côté bouffon et grand-guignolesque du roman qui flirte par endroits avec le fantastique – outre l’apparition des zombies –, nuit me semble-t-il au propos, d’une part en limitant par la caricature la portée de la réflexion historique, d’autre part en empêchant le lecteur de se figurer tout à fait à quel genre de personnages il a affaire.
Ces bémols mis de côté, on a quand même avec "La Nuit des Juifs-vivants" un roman original et intéressant qui m’incitera lire le prochain roman d’Igor Ostachowicz si d’aventure il s’en retraduit un autre en français.

Reginalda - lyon - 57 ans - 19 août 2019