Je me tuerais pour vous: et autres nouvelles inédites
de Francis Scott Fitzgerald

critiqué par Henri Cachia, le 7 avril 2018
(LILLE - 62 ans)


La note:  étoiles
Argent et Création...
Francis Scott Fitzgerald (1896-1940) est surtout connu pour ses nouvelles vendues à prix d'or pour des revues et magazines à une époque où le public américain était très friand de ce genre littéraire. Elles fonctionnaient parfois comme des feuilletons. Donc, des textes assez longs tout de même.

Dans ce recueil, outre ces nouvelles inédites épatantes, deux scénarios pour le cinéma, qui le mèneront à Hollywood. Sans se décourager, après de nombreux refus, il y retournera à plusieurs reprises, notamment comme « script doctor  » (améliorer les scénarios des autres).

Je souhaiterais attirer votre attention sur la postface de Anne Margaret Daniel (remarquable) qui nous apprend beaucoup de choses sur l'auteur bien sûr, mais aussi sur sa vie familiale, ses doutes et problèmes d'argent. On suppose qu'il menait grand train, et donc, il arrivait qu'il manquât furieusement d'argent. Obsédé par cette question, il la posera en ces termes à son agent Harold Ober en 1919 (il a alors 23 ans, et le cinéma est toujours muet) « Est-ce qu'on peut gagner de l'argent en écrivant pour le cinéma ? Vendez-vous des scénarios ? ».

Il écrit à HL.Mencken en 1925 « La camelote que je fourgue au Post est de plus en plus mauvaise étant donné que j'y mets de moins en moins de cœur – comme si, étrangement, j'avais tout mis dans les premières nouvelles... »... Avec son éditeur chez Scribner, Maxwell Perkins, la même année, il se montre plus clair et plus direct : « Plus je gagne d'argent avec ma camelote, et plus j'ai du mal à me mettre à écrire. »...

Fitzgerald s'est toujours considéré comme un romancier, bien qu'il ait été un sublime nouvelliste – un genre en rien inférieur au roman, seulement plus concis.

« C'est absolument affreux d'être ainsi endetté. J'y ai perdu toute confiance en moi jusqu'à un point affligeant. Autrefois, j'écrivais pour moi-même, aujourd'hui j'écris pour les éditeurs de magazine parce que je n'ai jamais le temps de penser à ce que j'aimerais vraiment faire, ni celui de trouver quelque chose qui me plaise... Ah si j'avais la chance de pouvoir faire une pause ! »

Vers la fin de sa vie, il retournera une fois de plus à Hollywood, à la suite de nouvelles difficultés financières. En 1934, Arnold Gingrich, ami et grand admirateur de Fitzgerald, lui avait conseillé de ne pas y retourner et expliqué pourquoi en termes très clairs : « Ce serait vraiment dommage de vous voir prostituer votre talent en écrivant de nouveau pour Hollywood, et j'espère vivement qu'on n'en arrivera pas là. Car si l'on compare l'écriture à un instrument de musique, alors vous êtes le virtuose suprême – personne ne sait mieux que vous tirer les harmoniques les plus pures de la phrase anglaise – et pouvez-vous me dire, bon Dieu, quel est le rapport entre l'art d'écrire et Hollywood ? »

Je ne peux que conseiller ce nouvel ouvrage consacré à Francis Scott Fitzgerald, aux nombreux lecteurs et admirateurs de cet auteur. Si j'en juge par les nombreux livres déjà critiqués sur ce site.