Le pays sous le vent
de Grazia Deledda

critiqué par Septularisen, le 26 mars 2018
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
«Et je brûlais du désir de le rencontrer de nouveau, un jour, pour le faire souffrir.»
Nina est une jeune fille de dix-sept ans, éprise de liberté et amoureuse de la lecture, elle grandit dans une famille modeste du centre de la Sardaigne. Pour arrondir leurs fins de mois, ses parents louent d’ailleurs régulièrement une chambre à des hôtes de passage.

Parmi ceux-ci un notaire, ami de la famille dont le fils Gabriele suit des études de médecine à Munich en Allemagne. Les deux familles pensent plus ou moins à arranger le mariage de leurs deux enfants. Un jour en effet le mystérieux Gabriele séjourne dans la maison, mais si Nina s’éprend passionnément de lui, Gabriele s’éclipse rapidement de la maison et malgré ses promesses, ne donne plus jamais signe de vie.

Huit années ont passé, Nina à finit par accepter d’épouser un autre pensionnaire, Attilio. Au cours de son voyage de noces dans une maison appartenant à son mari sur la côte sarde, elle retrouve par hasard sur la plage Gabriele l’homme qu’elle devait épouser. Celui-ci atteint de la tuberculose est gravement malade…

«Le pays sous le vent» est un très court roman de l’Italienne Grazia DELEDDA, qui se lit en quelques heures. Représentante italienne du vérisme, comme son modèle, Giovanni VERGA (1840-1922) son compatriote sicilien, son écriture pourrait être comparée à celle du naturaliste français Emile ZOLA (1840-1902), ou plus près de nous à celle de Béatrix BECK (1914-2008).

Comme dans tous ses livres, l’écrivaine s’attache avant tout à décrire les paysages, la vie et les mœurs de son île natale. C’est parfois un peu ennuyeux, mais je dois l’avouer toujours très instructif. Et comme tous ses livres celui-ci vaut pour la profondeur psychologique de ses personnages – toujours très tourmentés -, et l’introspection que l’auteur réussit. En effet dans ses livres point d'action, tout est intériorisé et souvent les paysages, ici la mer, servent de "support" aux sentiments des personnages. J’ai d’ailleurs été très surpris par le «happy end» à la fin du livre, je crois que c’est la première fois que j’en rencontre un dans un livre de l’écrivaine.

Le style a certes un peu vieilli, beaucoup le trouveront désuet, mais l’écriture est, malgré les années qui ont passé, toujours aussi belle. C’est un mélange très subtil entre pudeur, naïveté, innocence, nostalgie, gentillesse, colère et le tout saupoudré d’une profonde foi. Alors oui, avouons-le, c’est parfois vieillot, romantique à souhait (aujourd’hui on dirait plutôt «kitsch»), sentimental (aujourd’hui on dirait plutôt «à l’eau de rose») et un peu mièvre, mais c’est tellement rempli de bienveillance et d’authenticité que l’on en oublie tout le reste…

En conclusion, je dirais que s'il ne s’agit pas du chef d’œuvre de Grazia DELEDDA, «Le pays sous le vent » est le livre idéal pour partir à la découverte de son œuvre et de sa magnifique écriture…

Rappelons que Grazia DELEDDA (1871-1936) a été lauréate du Prix Nobel de Littérature en 1926, elle a été la deuxième femme à recevoir ce prix et au moment où j’écris ces lignes, la seule écrivaine italienne à l’avoir reçu.