Le commandant Bill
de Armel Job

critiqué par Catinus, le 26 février 2018
(Liège - 72 ans)


La note:  étoiles
Palpitant et remarquable !
10 mai 1940. Un avion de reconnaissance allemand s’écrase non loin d’un hameau de l’Ardenne belge, Boisferté (nom d’emprunt). Werner, le pilote rescapé mais blessé, est emmené par les villageois et caché dans une grange. C’est principalement Louisa Malempré et Eva qui sont chargées de nourrir et de vêtir ce « prisonnier » … qui devient vite encombrant. Cadet, le frère de Louisa, déserteur de l’armée belge en déroute, veut en finir une fois pour toute avec ce salopard de Werner.

Mais qui est donc ce commandant Bill ? Vous le saurez en lisant ce livre remarquable et palpitant de notre écrivain ardennais préféré. Sachez juste qu’il revêt plusieurs identités …

Extraits :

- * « -Fais-moi plutôt des œufs, va ! »
Elle cassa deux œufs dans la poêle avec une cuiller de saindoux et deux tranches de lard. C’était le repas du matin de tous les hommes de Boisferté, sans lequel ils n’auraient pas pu travailler.

* Elle lui tendait simplement la joue. Cadet y déposait un baiser sec. C’est ce qui était digne pour les mères lorsque leurs garçons devenaient des hommes.

* Car Eva, en tant que sage-femme, avait l’œil sur toutes les âmes de Boisferté. (…) Elle gouvernait les flux de la vie. Elle expliquait aux femmes comment régler à leur guise la vigueur des hommes. Tous, devant elle, baissaient les yeux ; ils savaient qu’elle n’ignorait rien de leurs petites manies.
Guidés par le passé 6 étoiles

Une des premières œuvres de l’auteur qui évoque un épisode probablement fictif de mai 40 dans un village imaginaire de son Ardenne.

C’est avant tout l’ambiance de l’époque qui ressort et moins le caractère des personnages qui est très peu individualisé. L’écrivain décrit la mentalité des habitants d’un hameau aux premiers jours du second conflit mondial, alors qu’ils sont encore traumatisés par les atrocités commises par les uhlans en 14.

Suite à la chute d’un avion de reconnaissance allemand dans un bois près du village et la menace de la présence du pilote survivant, c’est entre panique et précipitation que les habitants hantés par leurs souvenirs d’un passé dramatique font des choix qui les mettent en péril.

Une histoire qui tient la route et les éléments se décantent peu à peu au fil d’un bon récit.

On retrouve certainement à la fois le style plaisant de l’auteur, son art de trouver des fins surprenantes et inattendues, mais ce n’est que plus tard qu’il commettra de plus grands romans comme « Loin des Mosquées » ou « Je serai toujours avec toi ».

Pacmann - Tamise - 59 ans - 8 janvier 2019