Chanson de la ville silencieuse de Olivier Adam

Chanson de la ville silencieuse de Olivier Adam

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pacmann, le 12 juin 2018 (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 240ème position).
Visites : 3 352 

La fille du chanteur

Le chanteur est mort. Il se serait jeté dans le Tage.

Cet homme était une idole de la chanson française avec tous les travers et les clichés des excès qu’on prête à ce genre de personnage du star système. Quinze ans déjà qu’il avait quitté la scène comme dégoûté de ce monde qui rend fou.

Bien que tous les indices confirment la thèse du suicide, sa fille n'y croit pas car le corps n’a jamais été retrouvé. A l’instar d’une métaphore, elle le cherche comme elle ne l’a d’ailleurs jamais trouvé de son vivant, individu perdu, abandonnée par son père avant sa naissance, absorbé par sa musique, prisonnier d’une image et de son existence d’artiste ingérable et misanthrope.
Elle a grandi ballotée entre une mère noctambule un tiers mannequin, un tiers artiste et un tiers chanteuse, et sans doute rien de tout cela et son père qui a culpabilisé vis-à-vis d’elle, mais qui n’a jamais pu assumer son rôle et enfin Paul et Irène, un couple d’amis du père, grands-parents de substitution, qui ont assuré tant bien que mal son éducation.

Les souvenirs évoqués tournent malheureusement un peu en rond, sans ordre précis, mais c’est assez propre l’écriture de cet auteur qui affectionne les répétitions.
Olivier Adam a toujours aussi un talent particulier pour décrire des personnages mélancoliques, modelés d’incommunicabilité et en quête d’eux-mêmes. Tout en s’en éloignant sur de nombreux points, l’auteur déclare à la fin du roman s’être inspiré du parcours de Nino Ferrer.

Comme Amélie Nothomb avec son « pneu », Olivier Adam est aussi un auteur superstitieux , qui place le mot « lisière » dans tous ses livres (ici page 132), comme s’il voulait toujours rappeler qu’il est borderline et en dehors des mondanités littéraires.

Sans conteste un bon livre dans la lignée de son œuvre, mais sans doute pas le plus réussi car l’auteur excelle plutôt dans des romans plus longs.

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quand mon père était chanteur…

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 75 ans) - 3 novembre 2018

Antoine Schaeffer, un chanteur-rockeur mondialement célèbre, aux faux airs de Jacques Higelin, fortement imbibé d'alcool et dopé aux amphétamines, aimant faire la fête et se construire un passé de prince déchu. C'est l'image qu'a conservée de lui sa fille, la narratrice, avant qu'il passe pour mort par suicide, au bord d'un fleuve où l'on a retrouvé sa voiture grande ouverte. Jusqu'au jour où une photo, floue, d'un chanteur des rues inconnu, semble attester de son errance dans le quartier de l'Alfama à Lisbonne. Tel est le début d'une quête au cours de laquelle les souvenirs vont affluer, nous faisant découvrir les liens étranges reliant ces deux êtres que tout éloigne, mais aussi maints autres personnages. Un roman inspiré, écrit dans une langue flamboyante que l'auteur tord jusqu'aux confins de la poésie. Peut-être le meilleur qu'il ait écrit jusqu'ici, en tout cas sûrement celui qui m'a le plus touché…

Le mal de père

7 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 19 juillet 2018

Une jeune femme solitaire part à Lisbonne, à la recherche de son père, après avoir vu une mauvaise photo sur un smartphone.
Son père, n’est pas un inconnu ; Antoine Schaeffer, est une star nationale ; des concerts de milliers de personnes, des tubes qui tournent en boucle sur toutes les radios, des interviews ; une vie spectaculaire et débridée qu’il rejette un jour, une vie de tous les excès, où une petite fille n’a pas de place.
"Je me disais, il fuit la vie, c’est ainsi qu’il s’en sort mais à quoi bon. À quoi bon vivre comme les pierres, les arbres, les rivières. Je me disais cela mais au fond, je savais bien que ma vie n’était pas si différente. Que je n’étais qu’une ombre, une spectatrice. Même à Paris, dans ma vie d'étudiante, puis plongée dans mes livres. Je demeurais à la marge."
Pas de place non plus dans la vie de sa mère, elle s’élève seule, sans repère, persuadée que tous les enfants vivent ainsi. Quand celle-ci partira, son père la confiera à Paul et Irène, qui seront des grands-parents de substitution formidables.
Plus tard, c’est la présence de ses plus chers amis Sofiane et Théo qui l’aideront, lui procurant la tendresse qui lui manque.

Ses déambulations solitaires sont l’occasion de se souvenir, mais aussi d’une introspection, pour essayer de comprendre, pour que la petite fille qui n’a jamais été embrassée, câlinée, qui est toujours restée dans l’ombre, puisse enfin accepter son enfance et s’autoriser à exister.

Si le début du livre est très lent, on se laisse emmener dans une douce balade d’une incroyable poésie, avec le plaisir de retrouver cette sensibilité propre à l’auteur et son choix délicat des mots.

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