Annette
de Erskine Caldwell

critiqué par Tistou, le 17 février 2018
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Tragédie, toujours tragédie …
Erskine Caldwell décidément ne fonctionne que sur le mode tragique. Et pas qu’un peu, généralement. Et pas qu’un peu ici aussi …
Nous sommes à Melbourne, USA, Floride apparemment, mais rien de fondamental pour l’histoire.

« A maintes reprises depuis son récent mariage avec Doan Thurmond, Annette qui habitait une grande maison de pierre grise sur les hauteurs verdoyantes de Zephyrfield, banlieue résidentielle située à quelques kilomètres du cabinet d’avocat de Doan, à Melbourne, avait été tentée de fuir le domicile conjugal.
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Maintenant, elle avait vingt-huit ans, et elle s’était mariée deux fois, la première avec Wayne Lombard, la seconde avec Doan Thurmond. Il lui était donc plus facile de se persuader qu’elle pourrait à présent fuir le domicile conjugal et que ni Doan, ni quelqu’un d’autre, ne parviendrait à la convaincre de reprendre la vie commune dans la grande maison de pierre grise au haut de Zephyrfield. »

La problématique d’Annette Thurmond est claire ; elle veut fuir le domicile conjugal. D’ailleurs, plus jeune et pas encore mariée, elle voulait fuir le domicile familial. Vous me direz, elle avait alors quelques bonnes raisons d’en avoir envie, tyrannisée et malmenée qu’elle était par sa marâtre de mère. Elle ne s’était pas enfuie, son père l’avait convaincue de tenir bon et elle avait trouvé bonheur et délivrance en épousant son amour ; Wayne Lombard. Ca n’était pas allé de soi quand même puisque Wayne avait eu quelques doutes en constatant qu’Annette ne tenait chez ses parents que par la présence dans sa chambre et dans son lit, de Mr Belamour. Bon, Mr Belamour n’était qu’un gros ours en peluche mais quand même, Wayne s’inquiétait de la profondeur de la relation entre Annette et Mr Belamour.
Bonheur trouvé ; Annette et Wayne mariés. Annette institutrice et Wayne qui se démène pour faire rentrer de l’argent à la maison pour construire leur « home sweet home ». Mais patatras, très vite Wayne est assassiné devant son lieu de travail et c’est reparti en vrille pour Annette.
Surgit Doan Thurmond qui mène une cour « à la hussarde » auprès d’Annette, Annette qui l’épouse pour respecter le vœu de Wayne - qu’elle se remarie pour avoir des enfants s’il venait à disparaître. Mais Annette n’a pas oublié Wayne, elle n’aime pas Doan et surtout Doan ne veut pas d’enfant !
Voilà pourquoi Annette – qui semble programmée depuis sa tendre enfance à subir des traumatismes et à faire de mauvais choix est déterminée à s’enfuir.
Erskine Caldwell se livre à l’étude clinique, l’autopsie, d’un drame qui monte et qu’on sent inévitable.
Bien sûr, s’agissant d’Erskine Caldwell, ça finira mal.
« Annette » est assez différent des romans antérieurs de Caldwell dans la mesure où il n’est pas question ici du Sud des Etats-Unis à proprement parler, ni de petites gens en butte à la misère ou le racisme. Non, là c’est l’histoire d’une femme qui est comme programmée pour une fin tragique.