La dernière bande suivi de Cendres
de Samuel Beckett

critiqué par Septularisen, le 4 février 2018
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
LA DERNIÈRE BANDE?
Au début de la pièce nous faisons la connaissance de Krapp. C’est un homme de 69 ans,- il fête d’ailleurs son anniversaire ce soir-là-, qui vit seul et de façon très frugale. Il est dans sa chambre, meublée très sommairement, occupé à écouter une vieille bande son, qu’il a lui-même enregistré 30 ans auparavant, quand il avait 39 ans…

Il a en effet comme habitude d’enregistrer tous les ans une bande sonore dans laquelle il raconte ce qui lui est arrivée l’année précédente, une sorte de journal sonore. Le vieil homme se remémore ainsi ses souvenirs d’enfant, de très jeune homme (vers 29 ans) et d’homme dans la fleur de l’âge vers 39 ans.
Avec le temps qui passe, l’homme a perdu toutes ses illusions et tous ses rêves en même temps qu’il a perdu toutes ses relations proches ou pas. Krapp se rend compte qu’arrivé à son âge, vers la fin de sa vie, tout est vanité et futilité. Il se reproche d’avoir été un monstre d’orgueil et d’égoïsme, aveuglé par des illusions de noblesse et de grandeur. Il n’hésite d’ailleurs pas à s’invectiver et à insulter ses propres dires datés de sa jeunesse!

Il se rend en effet compte qu’il ne lui reste plus rien dans sa vie…

Si le «facteur» de l’absurde, qui a fait la réputation du théâtre de Samuel BECKETT, n’apparaît pas de suite dans cette pièce, il faut malgré tout saluer son génie de la mise en scène artistique. «La dernière bande» a beau être un long monologue, et Krapp le seul personnage en scène, la pièce, elle, nous présente un personnage qui fête son 69e anniversaire, qui dialogue et nous fait entendre ce même personnage à 39 ans qui dialogue et commente lui-même le même personnage à 29 ans!
Soit trois périodes très différentes de la vie de la même personne, dans sa continuité bien sûr, mais aussi et avant tout ses changements, ce qui se résout, en fin de compte à nous présenter trois personnages … Différents!

Dans cette structure dramatique, l’action est donc réduite à zéro, mais le temps qui passe devient la véritable unité de valeur du drame qui se joue devant nous. En effet, le temps se superpose au temps, les dialogues aux dialogues, les vérités aux mensonges (ou peut-être l’inverse), les souvenirs aux souvenirs, les fragments de mémoire au temps qui passe… Formant ainsi une boucle qui se referme elle-même en emprisonnant et isolant Krapp du reste du monde…

Le plus absurde étant peut être ici qu’avant même d’enregistrer la bande Krapp sait qu’il est à la fin de sa vie ! Que c’est sans doute «la dernière bande» qu’il est en train d’enregistrer et que personne ne l’écoutera sans doute jamais…

Dans un style d’écriture simple et épuré, comme toujours avec le grand écrivain irlandais, rempli de mélancolie et de tristesse, c'est un livre qui se lit en quelques heures. Mais un livre dont la véritable valeur n’est pas dans les mots qui se suivent, mais dans la signification de ceux-ci! En effet, comme dans « En attendant Godot » ou « Oh ! Les beaux jours », il faut surtout rechercher ici l’aspect métaphysique de l’attente de la mort derrière les mots de Krapp.

Écrite à l’origine en février 1958 pour l’acteur irlandais Patrick MAGEE, « La dernière bande » a été jouée pour la première fois en France au théâtre Récamier a Paris en 1960 dans une mise en scène de Roger BIN le rôle de Krapp échouant à René Jacques CHAUFFARD. Regardez un extrait avec M. Serge MERLIN dans le rôle de Krapp au théâtre de l’Oeuvre, ici : https://www.youtube.com/watch?v=tTqMvsdfJ6s

Inutile, je suppose, de rappeler ici que Samuel BECKETT a été le lauréat du Prix Nobel de Littérature 1969.
Deux courtes pièces 5 étoiles

Dans "La Dernière bande", Krapp, un vieil homme, écoute une ancienne bande qu'il avait enregistrée 30 ans auparavant. Dans "Cendres", un homme assis sur la plage, discute avec des absents, son épouse, sa fille ... Il évoque aussi une histoire dans laquelle apparaissent Bolton et Holloway.

Il n'y a rien à faire. Je ne parviens pas à entrer dans le théâtre de Beckett. Il m'ennuie même si je trouve assez original les choix qui sont faits. C'est vrai qu'il expérimente beaucoup de choses. "Cendres" est une pièce radiophonique et se prête bien à ce support. Je ne prends pourtant aucun plaisir à lire ces textes.

Les didascalies occupent toujours une très grande place dans ces pièces de théâtre et les dialogues sont parfois confus. Ils permettent en revanche aux comédiens de se faire plaisir et de jouer toute une palette d'émotions. Il en est du style comme de la musique et je dois reconnaître que je ne suis pas touché par son univers, encore moins par sa plume. Il est classé dans le théâtre de l'absurde, mais je lui préfère nettement Ionesco.

Lire ces pièces est une expérience qu'il faut faire. Son théâtre est bien plus grave qu'il n'en a l'air et soulève des problèmes sérieux, ainsi que des interrogations. Il faudra que je trouve la bonne clé pour entrer dans son oeuvre. Cela viendra !

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 10 juillet 2018