Chemin de croix
de Gianluigi Nuzzi

critiqué par Hexagone, le 31 janvier 2018
( - 53 ans)


La note:  étoiles
Un calvaire pour François
Dans le genre de livre qui déménage cet opus remplit parfaitement son rôle.
Une enquête qui révèle les arcanes de la curie romaine et surtout ses aspects les plus sombres.
Il met en lumière le Pape François qui vent debout se retrouve presque seul à la barre du Vatican.
Il semblerait, à la lecture de l'ouvrage, que ce pape ait la réelle volonté de réformer cet Etat dans l'Etat.
La tâche semble très ardue, voire impossible tant les résistances sont nombreuses et fortes.
Le livre nous apprend que le Vatican brade son argent, que des cardinaux occupent des appartements de plusieurs centaines de mètres carrés pour une poignée de cacahuètes, quelques centaines d'euros par mois de loyer.
Que le Vatican possède un parc immobilier de centaines de milliers de biens disséminés dans le monde.
Que les plus beaux appartements des quartiers chics de Rome sont loués pour une bouchée de pain.
Que l'argent est placé dans des banques qui en usent de manière peu déontologique. L'une d'elle a investi dans ....... la vente d'armes !!!
Que des avantages incroyables sont alloués aux personnels du Vatican sur l'essence, le tabac, l'alimentation.
Que des travaux sont réalisés sans appels d'offres avec des prix finaux s'élevant au double de ceux habituellement pratiqués.
Que personne ne rend compte de l'argent dépensé.
Que des membres du clergé ont des vices indignes de leur charge, que certains fréquentent des clubs lubriques. L'auteur nous informe que certains de ces cardinaux sont affublés de surnom du type Jessica ou même Monica Lewinski, je pense que c'est clair !
Bref, une cité bien peu digne des évangiles.
Mais il n'y a pas que cela. Le Vatican est un haut lieu du pouvoir ecclésiastique.
Malgré les audits réalisés par des sociétés laïques qui font comprendre que l'argent est gaspillé, que la réforme des retraites du personnel est primordiale. Car comme tous les états qui embauchent du personnel, le Vatican est confronté au vieillissement de sa population. Le volet retraite concerne des millions d'euros de déficit.
Mais surtout c'est ce fameux pouvoir, ses querelles, ses complots qui effraient.
Il y a des groupes qui divergent et qui font barrage aux réformes que veut appliquer François.
On se rend compte que le Pape a , en fin de compte, bien peu de pouvoir au sein de son Etat.
Benoit 16 s'y est cassé les dents, il y a fort à parier que François également.
Il y a certainement des gens sincères qui gravitent au sein de la curie, animés d'une vraie foi, mais on ne peut éluder le fait que certains sont là pour le pouvoir et ses avantages.
C'est une réalité, le Christ ne s'y était pas trompé, il avait prévenu. Certains n'en tiennent pas compte.
L'auteur peut agacer parfois, il frise le sensationnel, mais difficile d'occulter les comportement déviants.
Il est informé car il cite des extraits de procès-verbaux d'audience.
La question est de savoir qui a eu l'intérêt à ce que ce monsieur puisse écrire ce livre.
Créer une onde de choc ? Lever le voile sur ces déviances pour mieux pouvoir réformer ?
En tout cas il n'y a pas de hasard, si l'auteur a eu accès à tant d'informations et qu'il a été autorisé à les publier, cela n'a pu être fait qu'avec l'accord des plus hautes instances.
Un livre qui se lit comme une enquête au cœur du pouvoir Vaticanais.
Est-ce qu'il peut dégoûter le croyant ? Non , car chacun sait que ces hauts lieux abritent le pire comme le meilleur. Que la foi dépasse les montagnes d'hypocrisie pour ne se concentrer que sur le Christ.