Le discernement selon d'Edith Stein : Que faire de sa vie ?
de Vincent Aucante

critiqué par Saule, le 19 mai 2004
(Bruxelles - 58 ans)


La note:  étoiles
Discernement et liberté intérieure.
Avant tout regardez la photo de la couverture : il montre un visage admirable, qui brûle littéralement de l’intérieur, celui d' Edith Stein. Une femme fascinante : philosophe, théologienne, mystique et martyre (morte à Auschwitz) qui a été canonisée par Jean-Paul II. Vincent Aucante, professeur de philosophie, nous guide dans la pensée d’Edith Stein pour nous aider à répondre une question importante, celle du choix de notre vie.

Que faire de sa vie ? Question importante a laquelle on ne pourra donner une réponse valable que si on est libre intérieurement, si on connaît (ou à tous le moins si on s’est suffisamment approché) de notre Moi authentique et profond. C'est-à-dire que pour discerner véritablement il nous faut nous engager sur le chemin de l’intériorité, s’y laisser transformer, et une fois parvenu à cet endroit ou « Dieu parle dans le secret de notre âme », écouter l’appel particulier qui est le notre et décider ensuite librement comment y répondre (ou de ne pas y répondre).

Pour Edith Stein le noyau de la personne est ce centre dans lesquelles les différentes couches sont unifiées : pensée, chair, sentiments, inconscient, esprit et âme. C’est le lieu ou la personne est authentiquement elle-même. La prière seule (mais prière a souvent une connotation négative, peut-être faut-il dire méditation) peut nous amener à ce noyau. La pensée et l’intellect, et encore moins l'imagination, couches superficielles de notre être, sont inefficients pour pénétrer dans notre intériorité (ça me semble une évidence, une simple introspection basée sur la pensée est en effet vite limitée). Quant à l’inconscient, même si on ne peut pas nier l’utilité de la psychanalyse en cas de pathologie, Edith Stein nous dit (me semble-t-il) que la prière permet de passer à coté de cet inconscient pour atteindre des couches plus profondes, car la rencontre avec Dieu se passe à un niveau plus profond que l'inconscient. Pour discerner il faut donc prier (si vous préférez méditer) car c'est dans la prière que l'âme a accès à sa propre intériorité.

Celui qui s’engage sur le chemin de l’intériorité accepte le risque de se faire transformer, l’âme peut subir une métamorphose, un peu comme le grain de blé qui meurt à la vie pour renaître et donner la vie (« Ne t’étonne pas si je t’ai dit : Il vous faut naître d’en haut » dit Jésus à Nicodème). A ce propos j'apprend incidemment que pendant ses études Edith Stein était amoureuse d'un camarade mais que celui-ce se maria avec une autre. Plus tard devenu veuf, cet amoureux proposera à Edith Stein le mariage, mais celle-ci lui répondra qu'elle avait trouvé une autre voie.

Un livre qui s’adresse à ceux qui s'intéresse à l'oeuvre de Edith Stein,ainsi qu'aux croyants qui se posent des questions quand aux choix de vie. Le mérite de Vincent Aucante est de mettre des notions philosophiques complexes à notre portée (utilisant abondamment les notes en fin de document pour alléger le texte). Celui d'Edith Stein est d'exprimer des vérités sur l'intériorité et la recherche de la vérité d'une manière parfois lumineuse.