Le chien du seigneur
de Jean Anglade

critiqué par Hexagone, le 6 janvier 2018
( - 53 ans)


La note:  étoiles
Chienne de vie à la chaîne
Jean Anglade vient de nous quitter mais ses livres raviront encore longtemps les lecteurs.
Il a été qualifié d'écrivain du terroir, comme s'il fallait qualifier les écrivains en fonction des salons qu'ils fréquentent. Ceux d'Anglade devaient avoir moins d'ors que ceux des écrivains de la rive gauche.
Il était à mon avis l'un des derniers, sinon le dernier des écrivains qui offraient une littérature populaire de grande qualité. Il avait reçu une formation classique, était agrégé d'italien, avait enseigné durant de nombreuses années, s'était frotté à la vie, la vraie, celle de tous les jours.
Il s'agit ici de son premier roman écrit dans les années 50.
Il relate une partie de la vie d'un dominicain, au passage j'ai appris que cela signifiait Chien du Seigneur en latin, d'où le titre du livre.
Ce dominicain va se faire embaucher au sein d'une usine de pneumatiques pour y travailler à la chaîne et partager le labeur de ses ouailles.
On n'a aucun mal à deviner qu' Anglade s'est inspiré des usines Michelin.
Le père MOEL s'installe dans un petit meublé, y fait la rencontre de personnes simples dont Anglade tire habilement le portrait. Une veuve, un vieillard, un célibataire.
Il prend son poste à l'usine et y fait la découverte d'un monde qu'il ne connaît pas mais que sa vocation pousse à rencontrer.
Les ouvriers postés, les machines, les rythmes de travail, le patronat, les petits chefs, les us et coutumes de la vie d'un ouvrier, ses joies et ses peines, le syndicat, la CGT pour ne pas la nommer.
Il va devoir se frotter aux communistes qui veulent bouffer du curé.
Bref, partager la vie d'une communauté ouvrières avec tout ses aléas.
Il va découvrir le péché, celui qui va le perdre d'une certaine manière.
Je veux bien être contredit mais je pense qu'Anglade a été le dernier écrivain populaire, proposant de raconter son pays et ses gens, cela avec talent. Le dernier qui a peut-être comme fils spirituel Christian SIGNOL, et encore.
Anglade avait le talent d'un bon professeur, de celui qui sait transmettre en attisant la curiosité et l'intérêt de son élève.
Au regard de ce premier roman, il ne fallait pas être devin pour savoir que cet auteur aurait une belle carrière.
Anglade était un coquin, il disait un Ave et un Pater avant de s'endormir tous les soirs, il évoquait le Pagano-Christianisme ( notion périlleuse pour moi) .
Bon repos Maître.