Adieu Simone ! Les dernières heures du féminisme
de Gabrielle Cluzel

critiqué par Emilien Halard, le 29 décembre 2017
( - 38 ans)


La note:  étoiles
Féminisme : analyse d'une posture victimaire
Par un livre paru en juin 2016, Gabrielle CLUZEL veut libérer les femmes du féminisme.

Le féminisme n’est pas un concept unique. C’est une appellation qu’on applique à différents phénomènes. Il est donc assez facile de reprocher ses incohérences au féminisme. L’auteur dresse néanmoins un tableau assez exhaustif des différents domaines dans lesquels le réflexe féministe s’exprime (travail des femmes, libération sexuelle, violences conjugales) et de ceux où il est curieusement discret (bêtise de la presse féminine, insécurité, islam).

Gabrielle CLUZEL reconnaît volontiers que le féminisme est né sur un terreau bien réel d’injustices et de frustrations. Par exemple, en France, le droit de vote n’a été accordé aux femmes qu’en 1945 (après avoir déjà été reconnu par le projet de Constitution du régime de Vichy).

Mais le féminisme prospère aujourd’hui sur une posture victimaire entretenue par des idéologues.

L’auteur dénonce en fait le féminisme tel qu’il s’est incarné après la 2nde guerre mondiale : une idéologie qui veut libérer les femmes avec ou contre leur gré, et qui entend leur assigner un idéal carriériste et des mœurs décomplexées.

LIBERATION FORCEE : LA MAUVAISE HABITUDE DE L’EDUCATION NATIONALE

On pourrait objecter que personne n’est forcé de partager cette idéologie. Et effectivement, nul n’est contraint d’y adhérer sous la menace des baïonnettes.

Mais il existe des moyens de pression bien plus efficaces que la violence.

Ainsi, le féminisme fait partie des différentes idéologies subrepticement propagées par l’Education nationale. Par exemple, lors du brevet de 2017 les collégiens de banlieue parisienne ont dû bûcher sur des extraits de livres de l’égérie féministe Simone de Beauvoir.

UNE POSTURE VICTIMAIRE PARMI TANT D’AUTRES

L’un des aspects du féminisme consiste à dénoncer toute injustice apparente dont seraient victimes les femmes. Naturellement, l’état d’esprit victimaire porte souvent à déformer la réalité pour y voir des injustices là où il n’y en a pas.

Cet état d’esprit victimaire n’est d’ailleurs pas propre aux féministes : au fond, il est répandu chez tous les groupes avec une identité forte, qu’il s’agisse de groupes religieux, professionnels, ou encore ethniques.

COLLUSION AVEC LES POLITIQUES

Physiquement plus faibles (en moyenne) que les hommes, les femmes sont en conséquence les premières victimes de la délinquance. Une politique pénale efficace devrait donc logiquement être la priorité n°1 des féministes.

Or, parce que la gauche était en pointe du combat progressiste sur les questions de société, les figures de proue du féminisme français l’ont pendant longtemps soutenue aveuglement, sans se soucier de son indifférence au problème de la récidive criminelle.

VOILE ISLAMIQUE ET FAIT MAJORITAIRE

Je ne partage pas totalement le point de vue de Gabrielle CLUZEL sur la question du voile islamique.
C’est d’ailleurs LE sujet qui divise actuellement la galaxie féministe.

Même si cela peut paraître tiré par les cheveux, beaucoup de musulmanes en France sont convaincues que le statut inférieur conféré aux femmes par le Coran (en matière d’héritage et de force du témoignage, notamment) est supérieur à celui qui était celui des femmes avant la révélation coranique. Pour elle, le Coran constitue donc un progrès pour le droit des femmes. Il conviendrait de continuer cette dynamique en faisant toujours plus de la femme l’égale de l’homme.

Bien entendu, d’un point de vue non-musulman, on peut être très sceptique quant à cette interprétation qu’on ne retrouve pas du tout dans les hadith (faits et gestes attribués au prophète Mohammed), par exemple.

Il n’en demeure pas moins qu’une majorité des Françaises musulmanes sont convaincues de cette théorie. Porté dans cette perspective, le voile ne constitue alors en rien un symbole de la suprématie masculine.
Quant au phénomène des jeunes femmes qui se voilent sous la pression de leurs camarades, il ne s’agit, au fond, qu’une application parmi d’autres du « fait majoritaire ».

En effet, à moins de bénéficier d’une dynamique particulièrement forte, les minorités ont tendance à imiter le mode de vie de la majorité.

Ce phénomène de pression sociale peut être très pénible, mais c’est un mécanisme qu’on retrouve en tous lieux et dans toutes les époques. Ainsi, les musulmanes vivant en France ne s’habillent pas de la même façon que les musulmanes vivant au Maghreb.