Femme à la mobylette ; A la recherche du sixième continent
de Jean-Luc Seigle

critiqué par Frunny, le 20 décembre 2017
(PARIS - 58 ans)


La note:  étoiles
This is my life !
Jean-Luc Seigle est dramaturge et auteur de romans parmi lesquels, "En vieillissant les hommes pleurent" (Grand Prix RTL/Lire 2012), "Je vous écris dans le noir" (Grand Prix des Lectrices de Elle 2016) et Femme à mobylette (2017).

Depuis 3 ans, la vie de Reine est en chute libre. Perte de son emploi, départ de son mari Olivier et procédure en cours pour lui retirer la garde de ses 3 enfants.
Elle est "débobinée", sujette à des crises qui la déconnectent ponctuellement de la réalité. Certains diront qu'elle est folle.
Assez pour inquiéter Igor, la tête pensante de la fratrie, qui entrevoit les failles de sa mère.
Reine, qui n'a jamais connu ses parents, élevée par une grand-mère communiste qui lui a laissé des valeurs et une machine à coudre ancestrale.
Une machine à coudre qui l'aide à rapiécer des bouts de vie qui partent en lambeaux.
En tentant de mettre de l'ordre dans son jardin-dépotoir, elle découvre une vieille mobylette Peugeot des années 1960 (la Bleue !)
Mobylette qui rime avec mobilité et emploi retrouvé à quelques kilomètres de là.
Elle sera thanatopractrice, le lien entre les vivants et les morts.
Un emploi qui lui permettra peut-être de garder ses enfants.
Un bonheur n'arrivant jamais seul, elle rencontre- sur une aire d'autoroute où elle est en panne- Jorgen, un chauffeur routier hollandais qui fait la route vers l'Espagne.
C'est le coup de foudre réciproque et une incroyable histoire d'Amour, passionnelle, viscérale.
Jorgen, ancien peintre, qui voit en Reine la muse grâce à qui il pourra ressusciter sa peinture.
Elle sera sa Bethsabée.
"Femme à la mobylette"... comme le titre d'un tableau de Rembrandt !
Mais le réel refait surface, les avocats et assistantes sociales n'ont que faire de ces bonheurs retrouvées.
Ses enfants lui sont retirés, elle est... déchue !

Un court roman poignant, où le tragique annoncé côtoie l'espoir absolu.
Le personnage de Reine est éblouissant, à la lisière de la folie mais douée d'une incroyable résistance aux coups bas de la vie.
Une pauvreté familiale qui semble se transmettre de génération en génération.
L'ouverture du roman est terrible, saisissant le lecteur dès la première page pour desserrer l'étreinte quelques pages plus tard.
Je ne vous dévoilerai pas la fin même si elle semble laisser libre interprétation au lecteur.
Un roman que vous n'oublierez pas de sitôt !