Murena - tome 10 - Le Banquet
de Jean Dufaux (Scénario), Theo Caneschi (Dessin)

critiqué par Hervé28, le 11 novembre 2017
(Chartres - 54 ans)


La note:  étoiles
Belle reprise par Théo
Après la disparition de Philippe Delaby, on pouvait légitimement s'interroger sur le devenir de cette série.
Mais il faut avouer que la reprise par Théo, est très réussie, même s'il m'a fallu quelques pages pour m'habituer à son style, notamment pour les visages, qui sont plus anguleux que ceux dessinés par Delaby. J'ai eu du mal à reconnaitre Ruffalo, le centurion de la garde prétorienne, sur les premières planches. (il faut dire que je viens de relire les 9 premiers albums avant d'entamer celui-ci).
Mais Théo met tout son talent au service du scénario de Jean Dufaux, dans les scènes d'orgie ou dans celle du combat sanglant de Murena.; et il faut souligner la construction de la dernière page qui vaut le coup d’œil !
On peut regretter la facilité scénaristique de Dufaux sur l'amnésie de Murena (décidément après Bragon dans "la quête de l'oiseau du temps", l'amnésie est à la mode) mais l'intrigue est telle qu'elle n'émousse pas l'intérêt que je porte à cette série depuis le début. A signaler, la sortie concomitante du "Dictionnaire Murena" sous la direction de Claude Aziza, qui reprend l'ensemble des personnages des 9 premiers volumes et les grands événements se déroulant sous le règne de Néron.

A noter que la couverture assez osée (Dufaux s'en amuse dans la préface) est un choix de Théo. Au départ, comme il l'explique dans une interview, l'album devait s'intituler "Nouveaux horizons" , mais Dufaux l'a modifié en "Banquet" au vu de la nouvelle couverture.
Un festin au goût de sang 8 étoiles

Si l’on en croit la préface de Jean Dufaux, il s’en est fallu de peu pour que la série s’arrête après le neuvième volet (premier épisode du troisième cycle), suite à la disparition de son dessinateur, le talentueux Philippe Delaby. Quatre ans après, trouver quelqu’un à la hauteur de la tâche ne s’avérait pas une mince affaire, mais l’Italien Theo, très apprécié par Delaby, semble avoir relevé le défi de façon très naturelle. Son trait possède les mêmes attributs, faits à la fois de puissance et de finesse. C’est à peine si l’on peut déceler un moins grand raffinement dans les détails, mais il faut avoir l’œil bien exercé pour cela.

Il faut souligner qu’à la base, l’ambitieux projet prévoyait quatre cycles, et la disparition de Philippe Delaby compromettait gravement sa poursuite. Aujourd’hui, « Murena », comme Rome après le Grand incendie décrit dans le volume précédent, semble ne pas vouloir sombrer dans l’oubli, comme dépassé par sa force intrinsèque qui lui est, sait-on jamais, octroyée par l’aura de la ville éternelle. Theo étant florentin, il n’est pas surprenant qu’il ait accepté d’insuffler son propre talent à l’entreprise, tout en se montrant respectueux vis-à-vis de son prédécesseur.

Si Jean Dufaux semble satisfait de ce nouveau départ, le lecteur ne s’en plaindra pas, tant s’en faut. L’effet de surprise n’est évidemment plus là, mais il n’en reste pas moins que ce dixième chapitre reste aussi captivant que ne l’ont été les épisodes précédents, toujours aussi documenté. Et à en croire la couverture, c’est un fabuleux festin qui s’annonce…

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 30 décembre 2017