Sir Francis Drake
de Léon Lemonnier

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 14 octobre 2017
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
Pirate et Corsaire
Francis Drake était un marin anglais épris d’aventures et de découvertes. Il était né cinquante ans après la découverte de l’Amérique. A cette époque, les Espagnols et les Portugais se disputaient l’exclusivité du commerce avec le nouveau monde – du commerce et du pillage, faut-il le dire ! L’Angleterre d’alors se considérait comme une île barbare aux confins de la planète et était demeurée dans son isolement. Elle se contentait de pirater dans la Manche. Francis Drake était ambitieux. Il décida de sortir de son trou. Il s’embarqua sur le seul navire marchand que possédait l’Angleterre sur l’océan Atlantique. Il tomba aux mains des Espagnols au large des côtes du Mexique et échappa par miracle au massacre de son équipage. Ce fut le point de départ de sa carrière de corsaire au service de la Reine d’Angleterre et de pirate pour son propre compte quand la Reine le boudait.

La Reine Elizabeth d’Angleterre était protestante et le Roi d’Espagne Philippe II était catholique. Ils jouaient à « je t’aime, moi non plus ». Tantôt ils se préparaient à la guerre, tantôt ils envisageaient de se marier. Quand l’humeur était à la guerre Francis Drake était le meilleur ami de la Reine, quand l’humeur était à la paix, la Reine le condamnait pour avoir pillé les navires espagnols. De corsaire au service de sa gracieuse Majesté, il devenait alors pirate pour son compte personnel.

Ce livre raconte ses aventures et ses découvertes, elles sont absolument sensationnelles.
C’était assurément le meilleur marin anglais de son siècle. (Le meilleur de tous les temps d’après les Anglais). Son seul nom, prononcé un peu fort, semait la terreur sur tous les océans. Il pillait sans le moindre scrupule les navires espagnols sous prétexte que son Dieu protestant lui commandait de vaincre ces maudits catholiques espagnols restés fidèles à Rome la satanique. Et s’il pillait un navire portugais c’était dans le but très honorable d’enrichir sa Reine et son pays.

Autres temps autres mœurs ! Ce livre m’est tombé trois fois des mains.

La première fois quand il raconte comment les Espagnols, en gage de réconciliation, avaient offert un repas pantagruélique aux Anglais sur leur bateau et puis comment, au dessert, chaque Espagnol avait sorti un poignard et avait trucidé son voisin Anglais. On avait dû actionner les pompes pour évacuer le sang… et il paraît que les Espagnols ont vidé leurs verres à la santé des Anglais…
La deuxième fois quand il raconte comment les Anglais, sur leurs pirogues, ont vu leurs copains restés sur la plage, assaillis par ceux, qu’à tort on appelle les sauvages, découpés en petits morceaux, et dévorés tout chauds, tout crus... hem ! oui, autres temps autres mœurs, bon appétit, Messieurs qu’on ne doit pas appeler les sauvages…
La troisième fois… non ! je crois qu’il vaut mieux que je ne la raconte pas !
Mais ça faisait partie de l’aventure et les hommes de la Renaissance n’avaient pas l’air de s’offusquer beaucoup de ce qu’il leur arrivait. Je crois que pour eux la mort n’était qu’un mauvais moment à passer et qu’ils songeaient seulement à préparer une revanche à la hauteur des méfaits subis.

Francis Drake a été le premier navigateur anglais à oser s’attaquer à la flotte espagnol. Il est l’acteur principal de la destruction de « l’invincible Armada ». Il a enlevé à l’Espagne son hégémonie sur l’océan Atlantique et au Portugal beaucoup de ses conquêtes sur les côtes du Brésil. Il a posé les jalons des premières colonies anglaises sur le nouveau continent. Il est considéré en Angleterre comme le pionnier de l’Empire britannique.

Cette biographie fourmille de détails sur la personnalité de Francis Drake et sur toutes ses expéditions. Il faut croire que ses livres de bord étaient bien tenus, au jour le jour, et qu’ils ont été bien conservés. Nous avons tous les détails sur ses fabuleuses découvertes et sur son tour du monde ; nous voyons ses rapports avec les peuplades primitives des Amériques et d'Océanie ; nous assistons médusés aux attaques des stations portugaises du Brésil, nous nous jetons avec lui à l’abordage des navires espagnols et, pour finir, nous assistons à sa victoire contre « l’invincible Armada ».

Ceux qui aiment l’Histoire racontée à partir d’histoires vraies, avec des aventures extravagantes et des découvertes du monde inconnu à l’époque, avec des hommes hors du commun, dignes représentants de leur siècle, se régaleront à la lecture de cette biographie du navigateur-corsaire-pirate que les Anglais considèrent, à juste titre, comme une de leurs plus grandes gloires nationales.