Châteaux Bordeaux - Tome 08 : Le Négociant
de Eric Corbeyran (Scénario), Espé (Dessin)

critiqué par Shelton, le 18 septembre 2017
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
La série reste d'un très bon niveau !
Je peux l’avouer, bien simplement, cette série n’est arrivée que très tard dans mes lectures. D’une part, je ne suis pas très Bordeaux au départ et d’autre part j’avais des doutes sur ces séries que je trouve quand même assez commerciales… Là, j’avais un peu tort car elle avant tout le fruit du travail de deux passionnés du vin de Bordeaux et elle va être technique, précise, documentée, alléchante et œnologique !

Pour plonger dans cette série, il me fallut une occasion et l’occasion fut simple, un rendez-vous avec le dessinateur, Espé, Sébastien Portet de son nom véritable, lors du festival de la bande dessinée de Saint Malo, Quai des bulles 2016… Il était donc temps de s’y mettre. Le scénariste de la série est une bonne connaissance – je dirai même un ami – qui a eu l’occasion de faire de nombreuses haltes devant mon micro et, ainsi, de parler aux auditeurs qui suivent le Kiosque à BD, Eric Corbeyran !

Châteaux Bordeaux ! De quoi s’agit-il ? Tout d’abord, indiscutablement, d’une ode au vin d’une région, celle dans laquelle vit Eric Corbeyran depuis longtemps. Oui, il s’agit bien de découvrir et glorifier le vin du Bordelais mais, tout cela, avec modération. Chaque album se consacre à un aspect particulier lié au vin de Bordeaux, et le premier fut le domaine tandis que le dernier qui vient de sortir est le négociant. Entre les deux, vous le devinez bien, il y eut l’œnologue, l’amateur, les millésimes, le classement, le courtier, les vendanges… presque tout y est et c’est bien normal puisque la série comportera huit albums !

Il y a aussi, une dimension saga indiscutable car on commence avec une propriété au lendemain de la mort de son responsable-exploitant… Trois enfants, deux garçons et une fille… Qui reprendra le flambeau ? Avec quel succès ? Avec quelles difficultés ? Toute l’histoire va montrer les étapes de la reprise et la remise en état du domaine… On ne sait toujours pas comment les choses vont évoluer car pour le moment rien n’est encore gagné !

Mais, au cœur du Médoc, les tensions seront rapidement palpables, les amours aussi… Le personnage central est Alexandra, la fille, à moins que ce soit le domaine, tout simplement, Le chêne courbe ? Allez savoir… ce qui est certain c’est qu’Alexandra veut réussir, qu’elle tente de se donner tous les moyens mais que les obstacles, humains et naturels, sont nombreux sur son chemin…

Cette saga familiale et professionnelle, œnologique et policière, gustative et amoureuse devrait plaire à un très large public, que dis-je, plaît à un très large public et fait penser, bien sûr, aux Maitres de l’Orge, saga de la bière de Jean Van Hamme et Francis Vallès.

J’y suis venu tardivement, mais je ne regrette rien et je suis impatient de lire le dernier volume et de boire, qui sait, un petit verre de Bordeaux à l’occasion.
LA SAGA FAMILIALE PAR EXCELLENCE! 4 étoiles

Alexandra, maintenant secondée de ses deux grands frères, continue le combat pour réhabiliter le Domaine du Château du Chêne Courbe parmi les grands vins classés de la région de Bordeaux.

Pendant ce temps, Jeanne son ancienne nounou est enfin sortie de l’hôpital après son grave accident, mais elle conserve de graves séquelles. Alexandra qui sait que le responsable de cet accident n’est autre que Bourgeau, l’ancien contremaître du Domaine, demande à Laeticia d’essayer de réunir des témoignages d’autres victimes de ses extorsions contre lui.

La tâche paraît rude, car tout le monde a peur de lui et personne ne veut parler…

Huitième et avant-dernier épisode de la saga du Château Chêne-Courbe, ce volume ne déroge pas aux (gros) défauts de ses prédécesseurs! Si l’aspect pédagogique est toujours bien présent (un peu trop même à mon goût dans cet épisode, avec des dialogues qui n’en finissent plus!..), avec cette fois le négociant (l’intermédiaire entre le producteur de vin et les acheteurs), le reste est du pareil au même…

Côté scénario, c’est vraiment une saga familiale classique. Je m’étonne d’ailleurs qu’une chaîne de télévision n’aie pas encore pensé à l’adapter pour sa "saga de l'été"!
L’intrigue principale de M. Éric CORBEYRAN (*1964) suit gentiment son cours, avec son petit lot de révélations. Juste assez pour ne pas ennuyer le lecteur, et l’intéresser suffisamment pour l’inciter à acheter les prochains volumes… Mais certainement pas assez pour nous offrir une série digne de ce nom!

Il y a même des erreurs dans la continuité du scénario. Ainsi p. ex. si dans le volume IV («Les Millésimes», ici sur CL : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/59205), Maurice («Momo») Marchandeau, dit à Alexandra que Guillaume Marchendeau est son neveu, le fils de son frère (Pg. 33), pourquoi donc celui-ci dans ce volume, accuse Alexandra (Pg. 43) d’être responsable de la mort de son… père? Heureusement les personnages (surtout Alexandra et Lætitia d’ailleurs…) sont très humains et très attachants, cela sauve cette série de la déconvenue totale!

Les dessins et les couleurs d’ESPÉ (*1974, Sébastien PORTET de son vrai nom) sont tout juste suffisants pour servir cette série, mais vraiment sans plus. Il n’y a rien qui ressort, rien qui mérite d’être signalé. C’est tout juste digne d’une série comme celle-ci qui se veut pourtant une grande série!
Enfin, personne ne me fera croire que M. Marchandeau à la Pg. 43/44 est bien dessiné ? Il a une tête énorme et un tout petit corps! Et quand on le voit à côté des autres personnages, les proportions ne sont pas du tout correctes! Rien à faire, malgré les 8 volumes, le dessin d’ESPÉ ne s’est pas amélioré! C’est à croire qu’il s’ennuie (pour ne pas dire autre chose…) à dessiner cette série, mais comme elle a du succès…

En conclusion, je dirais que cet album comme tous les autres de cette série, s’il n'est pas mauvais, est loin, très loin d’être excellent!... Il n’y a même plus la dynamique qui avait pourtant porté l’épisode précédent. Heureusement, la série s’en va sur sa fin!..

Septularisen - Luxembourg - 56 ans - 20 décembre 2020