Charles Mérieux: L'homme qui voulait vacciner tous les enfants du monde
de Marc Francioli

critiqué par Colen8, le 2 juillet 2017
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Une vie au service de la vie
Industriel, marchand, sont les épithètes péjoratives dont le qualifiaient les scientifiques, médecins, chercheurs et quelques autres persuadés de détenir seuls la « pureté » nécessaire à une politique de santé publique efficace. Le portrait qu’en dresse Marc Francioli montre au contraire un passionné au service de la collectivité mondiale qui a consacré sa vie et ses moyens dans un premier temps à la mise au point ou à l’amélioration de vaccins : fièvre aphteuse, méningites A et C, poliomyélite, diphtérie, plus tard grippe, rougeole, coqueluche, encore plus tard fièvres hémorragiques, VIH, virus émergents ou ré-émergents.
Très tôt la croissance démographique et la multiplication des voyages lui ont fait prendre conscience des menaces de propagation fulgurante d’épidémies infectieuses. Son parcours familial, l’exemple de son père, la proximité avec l’Institut Pasteur(1) les besoins des pays pauvres l’ont amené naturellement à fonder une discipline nouvelle, la vaccinologie et à mettre en place la formation appropriée. Destinée à soutenir la prévention, celle-ci intègre progressivement l’épidémiologie, l’étiologie, la sociologie, la biologie moléculaire, l’organisation sanitaire et logistique de la vaccination de masse, la dimension éthique, l’humanitaire, dans une approche ouverte trans-frontière tournée vers le Sud, incluant médecines humaine et vétérinaire.
Visionnaire charismatique, animé d’une énergie créative insatiable, Charles Mérieux dit « le Docteur » avait plutôt l’âme d’un poète, artiste et musicien. A la suite du décès prématuré de son frère aîné Jean il s’est senti obligé de prendre la succession de son père Marcel après avant de céder la place à son fils Alain. Il est à l’origine de la Fondation Marcel Mérieux, de l’institut Bioforce Développement, de la Biothèque Jean Mérieux, du laboratoire hautement sécurisé P4. De 1937 date à laquelle il prend les rênes de l’affaire familiale à son décès en 2001 il n’aura eu de cesse de lancer des idées, de multiplier les rencontres, de bousculer les préjugés, d’œuvrer pour faire avancer la recherche, in fine de sauver des vies.
(1) Il se reconnait comme héritier spirituel à un siècle d’écart de Louis Pasteur et Claude Bernard.