Marée d'équinoxe
de Cilla Börjlind, Rolf Börjlind

critiqué par Goupilpm, le 29 juin 2017
(La Baronnie - 67 ans)


La note:  étoiles
Bonnes thématiques et atmosphère sombre.
La quatrième de couverture est assez explicite pour qu'il ne soit pas nécessaire de débuter la chronique par un court résumé.

Dans un prologue plutôt descriptif du site, les auteurs décrivent un meurtre particulièrement horrible en opposition à la quiétude de l'endroit. La couleur est clairement annoncée, comme dans la grande majorité des policiers nordiques, le lecteur bénéficie d'une atmosphère particulièrement glauque renforcée par les éléments paisibles qui entourent l'enquête proprement dite. On s'attend donc à un rythme plutôt lent dû à la narration descriptive.

A l'instar des autres auteurs venus du froid, les auteurs situent le contexte dans lequel va se dérouler l'enquête de ce cold -case, en nous décrivant le passage à tabac d'un sans-abri par un groupe de jeunes, apparemment sans liens apparents avec le meurtre qui s'est déroulé vingt ans plus tôt.

Dès le début de l'enquête la jeune étudiante de l'école de police va se heurter à un mur, personne ne peut la renseigner sur le dossier.

Les éléments se mettent en place doucement, peut-être un peu petit peu trop lentement et les auteurs nous glissent également une sous-enquête qui n'a à première vue aucun rapport avec le meurtre commis sur l'île. Les pièces du puzzle qui se mettent en place permettent aux lecteurs d’échafauder de multiples hypothèses tout comme les enquêteurs. L'enquête ne semble pas vouloir avancer et c'est le but recherché par les auteurs pour faire monter crescendo l'attention et assombrir l'atmosphère. Si son développement est plutôt lent, l'intrigue est construite de manière astucieuse et tient la route d'un bout à l'autre du roman malgré les croisements entre les enquêtes et les différentes pistes qui s'ouvrent aux policiers au fur et à mesure de la découverte d'indices.

L'enquête subsidiaire met en avant la thématique la place des plus démunis dans la société et le sort qui leur est réservé. Une question cruciale qui soulève plein d'interrogations, et plus encore dans un pays tolérant et accueillant comme la Suède. Elle soulève également la montée de la violence, et notamment chez les jeunes. Des thématiques d'actualité devant lesquelles les gouvernements se montrent impuissants.

Malheureusement dans le cas des enquêteurs, la qualité n'est pas la même, on n'échappe pas aux habituels clichés du genre, la jeune novice qui est ici même pas sortie de l'école, le policier à qui s'ouvrait une belle carrière et qui a vraiment touché le fond, le policier fainéant aux dossiers souvent bâclés,...

Le dénouement final est à la fois surprenant et attendu: en effet presque rien ne pouvait orienter le lecteur sur la piste du coupable mais des indices disséminés pouvaient orienter le lecteur sur le rapport de la jeune enquêtrice avec le meurtre commis vingt-quatre ans plus tôt. L'intrigue parallèle ne sert pratiquement à rien puisqu’elle n'a aucun rapport avec l'intrigue principale, si ce n'est d'ajouter une petite part d'angoisse au fond du roman et remettre sur les rails le premier enquêteur de l'horrible crime commis sur la plage des années auparavant.

Au final, un bon roman policier bien construit avec des rebondissements qui s’intègrent parfaitement à l'intrigue, et en filigrane un portrait noir et réussi de la société suédoise urbaine. L’écriture est plaisante, et si l'on n'atteint pas les sommets du genre, tout y est réuni pour passer un bon moment.