Moi et les autres petites personnes on voudrait savoir pourquoi on n'est pas dans le livre
de Perrine Rouillon

critiqué par Lobe, le 22 juin 2017
(Vaud - 29 ans)


La note:  étoiles
Un petit grumeau dans la pâte (à papier)
« La Petite Personne est née sur une page d'écriture, d'une ponctuation que je traçais pour revenir à moi quand je ne trouvais pas les mots. Une petite ligne enroulée sur elle-même qui s'est nourrie de tout ce que je n'arrivais pas à dire pour devenir ce petit être, sorte d'idéogramme du moi, qui a noué un dialogue avec mon écriture. » Perrine Rouillon

C'est ainsi que d'un étrange tracé-roulé-noué est né en 1994 un personnage à part entière, dans un album sobrement intitulé La Petite Personne. Un éloquent gribouillis qui peut se fondre en ligne, s'agréger à d'autres petites personnes pour perdre de son individualité et donner de la voix pour interroger la marche des choses. En plus de ses quelques semblables - dont les bafoués qui ont eu l'idée mauvaise de n'être pas standards - La Petite Personne est dans un monde où se promènent aussi des... mince comment dit-on (là si j'avais une plume je tracerais peut-être une sorte de petite personne personnelle recroquevillée les yeux en l'air)... des symboles ou des allégories, qui font rentrer du monde dans son monde. La Vie et la Mort, et Satan, belle assemblée.

C'est donc minimaliste à souhait, taquin, subtil. D'épurer autant, je trouve cela diablement courageux. De parvenir à dire, surtout, en à peine une brouettée de mots. Et même si parfois une narratrice bavarde vient poser ses phrases en haut de page, démiurge ou inquisitrice, elle finit par s'en aller. Et quand le chas n'est pas la, les pattes de mouche se mettent à danser. Beau beau beau.

(cette critique est courte parce que l'abouti, c'est Perrine Rouillon qui l'a atteint)