L'âne rose
de Jānis Ezeriņš

critiqué par Débézed, le 24 mai 2017
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Drôles de coïncidences
En 2008, l’Archange Minotaure a regroupé dans ce recueil six nouvelles de Janis Ezerins provenant de deux recueils publiés respectivement en 1923 et 1925. Ces nouvelles évoquent l’humour noir, la satire mais surtout ce que l’éditeur appelle la « coïncidence fortuite », des personnages qui ne devraient jamais se rencontrer, des événements qui généralement ne se produisent pas dans un même lieu et dans un même temps. L’auteur utilise avec aisance le paradoxe, la méprise, l’incompréhension, le qui propos, un peu de malice et un brin d’humour. On a parfois l’impression d’assister à une représentation d’une pièce de boulevard même si l’histoire n’est pas toujours très drôle.

On trouve dans ce recueil : la méprise funeste dont est victime une belle séductrice lors d’un bal masqué ; l’histoire d’un jeune homme qui noue une double relation avec une jeune fille, un relation physique et une relation épistolaire qui lui sera fatale ; la mésaventure d’un jeune homme qui perd sciemment aux échecs contre sa fiancée pour ne pas la vexer mais qui est alors considéré comme un incapable ; la vengeance d’une puce agonie par la propriétaire de la maison ; La malédiction du fossoyeur qui retrouve dans une tombe celui qui l’a maudit ; le remord d’une prostituée payée avec billet de loterie qui s’avère gagnant et qui repousse son bienfaiteur sans l’avoir reconnu.

Ces six nouvelles plus surprenantes les unes que les autres montrent la grande imagination et le talent de l’auteur. On peut aussi voir dans ces textes une certaine morale invitant à l’humilité, à la générosité, et au respect des plus faibles et des moins nantis. Janis Ezerins fait partie des auteurs qui semblent aujourd’hui totalement oubliés même s’il a connu un certain succès au début des années vingt. Sa mort prématurée à trente-trois ans n’a pas contribué à asseoir sa notoriété. Je suis ravi d’avoir trouvé ce recueil et de le faire connaître aujourd’hui.