Les enquêtes de Charlotte et Thomas Pitt, tome 06 : Le cadavre de Bluegate Fields
de Anne Perry

critiqué par Jeparo, le 20 avril 2004
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
un polar victorien
Tiens!? Aucune mention d'Anne Perry dans "critiqueslibres"? Comblons ce manque, avec ce titre, le sixième, de la série Charlotte et Thomas Pitt.
Les intrigues se déroulent à Londres, vers 1880, dans le milieu aristocratique. Thomas Pitt est policier,il a épousé Charlotte issue de la noblesse (mariage qui n'a pas plu à tout le monde dans la famille de Charlotte, ce qui donne lieu à quelques savoureuses répliques acérées dans chaque volume) et c'est en général à deux qu'ils tentent de résoudre les mystères confiés à la police, pour le plus grand plaisir des amateurs de "who has done it?".
Anne Perry a le sens du détail, elle sait surtout dépeindre avec une pointe d'humour à distance les scènes de salon avec beaucoup de personnages, c'est comme si nous y étions. Le regard qu'elle pose sur les drames qui animent ce petit monde est cependant fort chargé d'humanité et de compassion.
Dans ce volume, le cadavre d'un adolescent est retrouvé nu dans les égouts. L'enquête est si rapide qu'à mi-tome un suspect est déjà arrêté, jugé et attend l'éxécution de sa peine (il sera pendu dans trois semaines). Sauf que ni Charlotte ni Thomas ne sont totalement convaincus de la culpabilité de cet homme et qu'ils vont se démener pour faire la lumière sur cette sombre histoire qui touche à la prostitution des mineurs.
Thomas devra lutter ingénieusement contre les pressions de sa hiérarchie qui estime l'enquête bouclée et Charlotte tirera toutes les ficelles possibles pour entrer en contact avec les quelques protagonistes proches du milieu de la victime.
Ce n'est pas tout à fait le meilleur de la série mais c'est un vrai "page turner" (pardon pour le franglais!)
A lire aussi d'Anne Perry, la série Monk...
Prostitution adolescente 9 étoiles

Une excellente enquête, rondement menée, habilement ficelée, dans laquelle tous les personnages tiennent un rôle important. Charlotte s'efface même un peu devant Thomas, ce qui est bien pour l'équilibre du récit. Emily est encore présente cette fois, de manière plus effacée mais efficace.
Outre les vices cachés de cette société où tout se fait dans la plus grande discrétion, c'est un portrait d'une Angleterre à multiples vsages que dresse Anne Perry, celui des bas-fonds et de ces familles réduites à la mendicité et à la prostitution pour tenter de survivre.
Dans chacun de ses recueils, l'auteur profite de son intrigue pour tracer un portrait parfois au vitriol de cette société bien-pensante, à une époque pas si lointaine que cela quand on y pense bien. Que d'acquis sociaux en quelques décennies; à se demander comment tout cela pouvait être possible...

Sahkti - Genève - 49 ans - 10 septembre 2007


La fin sordide d'un jeune aristocrate 8 étoiles

J’ai bien aimé ce sixième tome des aventures de Charlotte et Thomas Pitt. Dans cette histoire, l’inspecteur Pitt est aux prises avec un jeune subordonné ambitieux répondant au nom de Gillivray, qui n’hésitera pas à suborner un témoin afin de plaire au commissaire divisionnaire Dudley Athelstan afin de faciliter son avancement.
Les premières pages du roman entraînent le lecteur au cœur des égouts de Londres où le cadavre d’un jeune homme de la haute société est découvert. Le corps de Arthur Waybourne est entièrement nu et ses vêtements demeurent introuvables. Curieusement, l’autopsie révèle que le jeune homme a les poumons remplis d’eau légèrement savonneuse et a probablement été noyé dans son bain. De plus, il était atteint de syphilis et avait été violé à plusieurs reprises. Comment un jeune homme appartenant à un milieu si protégé a-t-il pu finir sa vie d’une façon aussi sordide ? L’enquête de l’inspecteur Pitt sera passionnante. Bien sûr, comme toujours, il sera aidé par sa femme Charlotte qui réussira à s’introduire au cœur de l’entourage de Arthur Waybourne afin d’y recueillir de précieux indices et témoignages qui seront d’une grande utilité afin de démasquer le coupable.
Un tome particulièrement bien construit avec une intrigue palpitante que j’ai lu d’une traite. Encore une fois, Anne Perry m’a séduite avec ses descriptions des conditions de vie effroyables des pauvres et des indigents de Londres dont plusieurs doivent se prostituer afin d’arriver à survivre dans ce milieu impitoyable. L’écart entre les riches et les pauvres était consternant à cette époque et Anne Perry nous le décrit admirablement. L’inspecteur Pitt n’est pas relégué dans l’ombre comme dans plusieurs autres tomes mais il tient la vedette et risque même sa carrière afin d’éviter la pendaison à M. Jerome, le précepteur d’Arthur Waybourne, principal suspect dans l’affaire.
Je dirais que c’est un des meilleurs que j’ai lu de cette auteure talentueuse.

Dirlandaise - Québec - 68 ans - 20 mai 2006