Les barbares: Essai sur la mutation
de Alessandro Baricco

critiqué par Romur, le 25 mars 2017
(Viroflay - 50 ans)


La note:  étoiles
Lumineux et bienveillant
Comprendre le monde qui change... Bien sûr, comme pour tout essai, certains éléments de l’analyse et du « modèle » que nous propose Alessandro Baricco peuvent paraitre plus faibles ou plus contestables. Mais globalement il étudie et explique les transformations de notre culture et de notre société avec une rigueur et une clarté exceptionnelles, s’appuyant sur des exemples aussi variés que le vin, le foot ou la musique. Son analyse est d’autant plus forte que la révolution numérique dont on nous rebat les oreilles n’occupe qu’une place finalement réduite dans sa réflexion qui va bien au-delà. Le numérique n’apparait que comme un outil technologique au service d’une dynamique plus large, un moyen et non une cause. Ecrit en 2008, la capacité du modèle à décrire des transformations intervenues depuis le rend encore plus convaincant.
Appréciable aussi, l’effort qu’il fait pour jeter un regard équilibré et objectif sur la mutation du monde occidental, en dépit de ce que peut laisser croire le titre : pas de jugement de valeur, pas de dénonciation mais le constat d’un mouvement de destruction créatif, la mise en évidence d’un mode de pensée différent (qui partage d’ailleurs des traits communs avec certaines périodes passées), l’abandon effectif de certaines valeurs et principes au profit d’autres (de la profondeur à la largeur, de l’effort à la vitesse...).
Et une conclusion désabusée avec la parabole de la muraille de Chine qui n’a pas arrêté les barbares. Les amoureux de la culture et de la civilisation passée ne pourront pas s’opposer au courant, mais « naviguer, telle est notre tâche » tout comme de « mettre à l’abri ce qui nous est cher ».