Topaz
de Hakan Günday

critiqué par Darius, le 11 mars 2017
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
Vente et Tourisme de masse
Hakan Günday s’impose comme la nouvelle génération d’écrivains turcs. Il a déjà écrit 8 romans, a gagné plusieurs prix tant en Turquie que chez nous. Il a également reçu le prix Médicis étranger 2015.

Topaz est un immense centre à Antalaya où on vend des bijoux aux touristes. Bien sûr, tout l’art du vendeur est de faire acheter le plus possible aux touristes qui descendent dans ces centres, emmenés là-bas par un guide, qui bien sûr, reçoit sa commission sur les bijoux vendus.

L’auteur nous dévoile la vaste pyramide mis en place dans ce pays pour appâter le touriste. Tout commence déjà par les tours opérators qui sélectionnent les candidats en fonction de ce qu’ils achètent dans leur propre pays, histoire de tester leur pouvoir d’achat. Si un jour, vous recevez dans votre boite aux lettres, un bon all inclusive pour vous rendre là-bas ce n’est hélas pas un tirage au sort, mais en vertu d’un achat important que vous avez effectué dans votre supermarché préféré dans votre pays.

Les vendeurs sont bien au courant des mœurs de chaque pays et ils s’occupent de la clientèle en fonction des langues qu’ils parlent. Ici, nous suivons un tour operator suisse allemand dont tous les clients se font plumer dans ce centre dénommé Topaz. Les bijoux proviennent de Hong Kong, n’ont absolument pas la valeur qu’on leur prête, mais tout l’art du vendeur est de convaincre le client qu’il fait une bonne affaire.

« Il n’est pas nécessaire pour vendre d’avoir de la marchandise. Il suffit d’avoir un acheteur, même si celui-ci ne se doute pas qu’il en est un »

Pendant 216 pages (le livre en comporte 231) l’auteur nous balade dans toutes les arnaques envers ces pauvres touristes, en l’occurrence, un Suisse allemand dénommé Gérard Jouvet qui se laisse avoir en achetant pour des milliers d’euros de bijoux alors qu’au départ il n’était que simple badaud.

Ce livre m’a d’abord mise mal à l’aise, décrivant là toute la perfidie de ce monde oriental. Je me demandais comment les autorités turques pouvaient avoir octroyé un prix à cet auteur qui jetait ainsi à la face du monde toutes les arnaques et les mensonges débités par leurs vendeurs.

Mais les quelques pages de la fin du livre constituent un retournement de situation incroyable que je vous laisse le soin de découvrir.

Pour moi, une œuvre magistrale, un cynisme incroyable, une imagination débordante et une acuité hors du commun dans la description de ce phénomène de la vente.