L’accusation sans preuves fabriquée par Fouquier-Tinville s’est nourrie de la haine portée par les idées révolutionnaires à l’encontre du pouvoir monarchique et de l’aristocratie. Celle-ci est devenue plus féroce encore quand il s’est agi de juger la Reine après l’exécution de Louis XVI quelques mois auparavant. En 1793 la Convention a sombré dans la Terreur. Les menaces intérieures entre factions, la guerre civile vendéenne, les armées étrangères aux frontières, conduites par l’Autriche désireuse d’élargir son empire par la prise de quelques-unes de nos bonnes provinces sont venues renforcer l’acharnement contre une jeune femme abandonnée de ceux qui auraient pu la sauver, à commencer par sa propre famille.
Ces circonstances tragiques sont l’occasion pour Emmanuel de Waresquiel de présenter des sources inédites sur les conditions du procès de deux jours dont le verdict est connu d’avance même s’il subsiste des zones d’ombre. Il imagine l’atmosphère, identifie les jurés, les avocats commis d'office, les témoins, leurs raisons d’être avant et après un semblant de justice auquel plusieurs d’entre eux ne survivront guère. Il insiste longuement sur la dignité, l’intelligence, le courage, la bonté de cette princesse étrangère jetée à 14 ans pour raisons diplomatiques dans les bras du dauphin de France qui n’en a que faire. L’ignominie de son exécution quelques heures après le verdict la feront considérer comme une sainte et martyre quand ses bourreaux auraient voulu en laisser le portrait d’une femme à punir en lui prêtant des crimes imaginaires.
Colen8 - - 83 ans - 22 juin 2017 |