Une saison blanche et sèche
de André Brink

critiqué par Drclic, le 6 avril 2004
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
Je continue de compléter l'oeuvre de Brink
Ben Du Toit est un Afrikaner bien tranquille — un père de famille sans histoire que rien ne distinguerait de ses quatre millions de frères et sœurs bien tranquilles, sûrs d'eux-mêmes et de leur supériorité. Jusqu'au jour où Ben veut savoir. Savoir pourquoi le jeune fils de Gordon, le jardinier noir de l’école où il enseigne, a disparu sans laisser de trace dans les locaux de la police sud-africaine. Savoir pourquoi Gordon va disparaître à son tour, qui cherchait à connaître la vérité sur la mort de son fils. Savoir ce qui se cache sous les versions officielles. Savoir, par exemple, ce qui s'est vraiment passé à Soweto. Savoir au fond ce qu'est la vie de ces seize millions de Noirs qu’il a côtoyés toute sa vie sans les voir. Mais au pays de l'apartheid, il ne fait pas bon vouloir trop en savoir. Le long de son douloureux chemin de Damas, Ben va peu à peu le découvrir. Et l'amour de Melanie, engagée dans le même combat que lui, ne le protégera pas de la machine infernale qui s'est mise en marche implacablement.


Encore un grand livre par cet écrivain en lutte contre l'apartheid.
Soweto ! 8 étoiles

Une saison blanche et sèche, sur fond d'apartheid, sous un soleil écrasant. Un quartier que l'on nomme SOWETO, la banlieue poudrière de Johannesburg, l'Afrique du Sud : quelques milliers de blancs (hollandais souvent ou anglais) des millions de noirs, sans droits que celui d'obéir.
Ben Du Toit est un afrikaner paisible, professeur, mari fidèle, bon père, bon chrétien, respectueux des lois. Un citoyen parfait dans un monde parfait ou presque. Le pays est placé sur le banc des punis du monde et doit se suffire à lui-même... qu'importe la main d’œuvre n'est pas ruineuse et la nation peut s'auto-suffire. Et puis la police d'état veille, elle a la matraque vivace et la prison hospitalière et d'une discrétion absolue. Entrez-y et hop vous disparaîtrez... Houdini n'a rien inventé ! la police contrôle tout et a les pleins pouvoirs.
Mais un jour la vie réglée de Ben se déhanche : il veut comprendre pourquoi le fils du jardinier de son école (noir bien sûr) est mort en prison ? pourquoi son père, Gordon suivra-t-il le même chemin pour s'être posé publiquement ces mêmes questions. L'appareil d'état veille et Ben poursuit sa lutte sans issue.

Interdit dans son pays lors de sa parution, le titre a donné souche à un très beau film avec l'impérial Donald Sutherland qui défraya la chronique.
Brink est un auteur surprenant et signe ici un livre fort !

Monocle - tournai - 64 ans - 14 septembre 2018


Solidaire et solitaire 10 étoiles

L'Afrique du Sud. Son apartheid, son régime autoritaire, ses sections spéciales. Ben Du Toit, blanc, afrikaner, professeur d'histoire, marié, trois enfants. Rien à signaler, un type comme tout le monde, noyé dans la masse. Enfin, quand même, une sympathie pour Gordon. Gordon, le jardinier de l'école où enseigne Du Toit, noir, "conscient de son infériorité, poli et respectueux". La mort du fils de Gordon après son arrestation et emprisonnement pour participation à une manifestion n'est qu'un banal fait divers. Gordon connait le même sort que son adolescent en s'acharnant à découvrir les causes de sa mort. Profondément révolté par cette situation, la vie de Ben DU TOIT bascule, le récit aussi. La narration du fait anecdotique s'ouvre sur les grandes questions humaines et universelles. L'affaire Du Toit n'est plus que prétexte pour une réflexion sur les libertés individuelles et la libre disposition de soi, bafouées ici par la police spéciale d'un état autoritaire et aveugle aux méthodes kafkaiennes de son bras armé ; l'impossible communication entre les êtres (entre le mari et l'épouse, le père et les enfants, les collègues de travail, les races, les classes sociales..) Utilisant une symbolique forte, Brink taille en pièces le concept d'empathie et en grand connaisseur de Camus répond à sa question : l'Homme est solidaire et solitaire.

Lectio - - 75 ans - 11 avril 2013


L’histoire d’un acteur méritant de la lutte contre l’Apartheid 10 étoiles

L’histoire d’un homme blanc, professeur, n’acceptant pas que ses amis, les noirs, soient maltraités. Il en fera les frais de sa vie. Le contexte, l’Afrique du Sud dans les années 70, une très belle histoire qui permet de prendre conscience des difficultés de faire évoluer les mentalités et de cohabiter entre les races ou religions, entre gens différents.

Ichampas - Saint-Gille - 60 ans - 9 novembre 2005


Didactique 8 étoiles

C'est bien la seule chose qu'on pourrait reprocher à BRINK, un peu de didactisme. Mais le propos est généreux, humain. La cause est noble, alors. Il y a une histoire, bien montée et prenante qui nous emmène dans les affres d'un pays totalitaire (car au fond qu'était-ce que l'Afrique du Sud période Apartheid?). Mais derrière cette histoire, on sent, un peu trop apparente, la volonté de démontrer, de faire passer le message. BOYD, dans un genre plus léger, ou IRVING, le font plus subtilement. Cela dit, ni l'un, ni l'autre n'ont été confrontés à une situation totalitaire. Une Saison Blanche et Séche a tout de même été interdit en AF. SUD lors de sa sortie!

Tistou - - 67 ans - 11 octobre 2004


Et nous qu'aurions-nous fait ?.... 10 étoiles

Afrique du Sud : un romancier à l'eau de rose est contacté par un ancien condisciple dont il n'a jamais été très proche. Il devient dépositaire de ses notes, et son décès brutal l'amènera à mettre en forme son enquête, nous livrant un récit bouleversant;
Bouleversant parce que sous couvert de roman, André Brink parvient à nous mettre en état d'enpathie totale avec Ben Du Toit, petit professeur d'histoire effacé et à la vie banale, jusqu'au jour où ses yeux se dessillent et où il affronte cahin-caha la réalité de la situation politique de son pays.
Alors on apprend énormément de choses, tout en passant par les mêmes sentiments d'impuissance que le héros.

Ce roman a reçu le prix Medicis étranger, tout est dit, expliqué et commenté dans les pré et postfaces, c'est difficile d'en parler sans réemployer les mêmes mots.
Je pense sincèrement qu'il s'agit d'une oeuvre magistrale, complexe mais limpide, intellectuelle mais terre à terre.
Il est de ces livres qui élèvent et leur auteur, et leurs lecteurs.

La dernière phrase : "Pour qu'il ne soit plus possible de dire encore une fois : Je ne savais pas."

Lisez-le !

Cuné - - 56 ans - 12 août 2004