Un turbulent silence
de André Brink

critiqué par Drclic, le 6 avril 2004
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
Afrique du Sud
André Brink est un grand écrivain.

Sa famille, d'origine danoise et hollandaise, s'est installée en Afrique du Sud au XVIIIe siècle. Son père est juge. Son enfance et son adolescence se déroulent dans le milieu fermé et très traditionnel des Afrikaners de province. Il est membre de la plus austère des églises calvinistes et d'un mouvement de jeunesse proche du Broederbond, la Ruiterwag. Il fait des études de lettres à l'université très conservatrice de Porchefstroom, petite ville du Transvaal. Mais en 1959, il vient en France suivre des études à la Sorbonne et les deux années qu'il passe à Paris suffisent à faire s'effondrer toutes (ses) certitudes et toutes (ses) convictions. D'autant qu'au milieu de son séjour, le 21 mars 1960, a lieu le massacre de Sharpeville. La police tire sur des manifestants : soixante-neuf morts et près de deux cents blessés. “ Je suis né sur un banc du Luxembourg, à Paris, au début du printemps 1960 ”, écrira-t-il plus tard.


A travers l'émancipation d'un esclave, cet écrivain afrikaner décrit une Afrique du XIX siècle.

Ce livre est chargé d'histoire, d'amour de l'Afrique.
On l'ouvre et on le dévore.
Un livre très fort, puissant, superbe 10 étoiles

Il y a longtemps que j’ai lu « Un turbulent silence », qui m’avait été recommandé par une amie. Un livre très fort, puissant, superbe. Autant « Une saison blanche et sèche » m’avait laissé sur une appréciation mitigée, autant celui-ci m’a transporté par son propos, sa poésie, sa force. Une œuvre qui, des années après, se fait encore rappeler à ma mémoire. Au point d’en être le chef d’œuvre de la carrière littéraire d’André Brink ? C’est bien possible. De lui, je n’ai lu que les deux livres que j’ai cités dans ma présente et courte critique, mais pas sûr qu'il ait pu faire mieux que « Un turbulent silence ».

Cédelor - Paris - 52 ans - 17 septembre 2018


Humain, trop humain! 10 étoiles

L’Afrique du sud est une terre de contrastes : fertile mais sauvage, riche mais indomptable. Ce pays largement méconnu a pourtant bénéficié d’une publicité hypermédia version XXI° siècle pour La Coupe du Monde de Football. Mais, comme toute campagne de ce type, elle était parfaitement orchestrée, pour manipuler les esprits et ne leur montrer qu’une infime partie de vérité, cette portion qui fait de l’Afrique du Sud uniquement le pays de la Réconciliation, quand il est bien trop complexe et son histoire bien trop tortueuse pour être résumée aux dix années ayant suivi la fin de l’apartheid.

L’action de ce roman d’André BRINK se situe au XIX° siècle, à l’époque où l’Afrique, était cet immense gâteau partagé entre les puissances européennes. L’Afrique du Sud finit dans les mains de la Hollande avant de repasser partiellement entre celles des Anglais. Tour à tour, ces deux peuples de bons chrétiens voulurent cultiver la terre ainsi qu’ils l’ avaient appris et usèrent pour cela des bons services des populations autochtones pas toujours volontaires. Mais la mode de l’époque étant à l’abolition en vint à arriver aux oreilles de ses braves esclaves leur donnant des idées de révolte.

Ce roman est époustouflant. Il est très riche, épousant tour à tour le point de vue de chacun des personnages, même celui qui nous avait semblé insiginifiant, nous entrainant dans une farandole d’abord de jeux avec les jeunes enfants de la ferme, puis de trahisons et enfin de violences à peine soutenables. Tous semblent écrasés par le destin et par le devoir auquel la terre les soumet.

La plume de BRINK est incisive et puissante, et le roman sort alors de sa dimension politique pour devenir universel. Il ne parle pas seulement de l’Afrique du Sud, mais des hommes, de leur soif de pouvoir, de reconnaissance et d’amour. De la force qui les rattache à la terre et de leur insondable propension au mal.

Nymphette - Paris - 42 ans - 20 avril 2011