Terrine Rimbaud
de Franz Bartelt, Johan De Moor (Dessin)

critiqué par Tistou, le 28 octobre 2016
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Avec illustrations de Johan De Moor
Comment qualifier ce « Terrine Rimbaud » (que d’horreurs on ne ferait pas en ton nom, Arthur !) ? Roman, nouvelle ? Oui, mais illustré, par Johan De Moor. Court en tout cas, très court, 78 petites pages, illustrations comprises.
Le pitch ? Autant halluciné qu’à l’accoutumée chez Franz Bartelt. On nage dans la charcuterie (et la saucisse en particulier) et dans la poésie (suisse de préférence et sur 380 volts).
Jovedi Merdouilla, à Charleville (Ardennes) est un poète-charcutier (ça existe mais chez Franz Bartelt exclusivement !). Un poète-charcutier créateur de saucisses-poésies ; « la Merdouillette », saucisse semi-molle et « la Merdouille », saucisson fondant.

« Pendant ces années, Jovedi Merdouilla mena de front ses travaux sur la saucisse et ses recherches poétiques, reportant à plus tard le moment de choisir sa vocation.
Comme il aimait la poésie, mais qu’il ne détestait pas la charcuterie, il pensait jouer sa partie sur les deux tableaux et devenir un jour charcutier-poète, conciliant ainsi les nourritures du corps et celles de l’âme. »

Régula Kramelot, poétesse suisse dingue de Rimbaud et dingue tout court d’ailleurs, en pèlerinage rimbaldien à Charleville :

« C’est en voulant acheter de la terrine Rimbaud, spécialité locale, que Régula, sur le conseil du charcutier, fit l’emplette d’une merdouillette et d’une merdouille, autres spécialités locales. Bavardant avec le détaillant, de merdouille en merdouillette, elle connut l’existence du charcutier-poète Jovedi Merdouilla, visible quotidiennement au café des Sapeurs, à l’heure de l’apéritif du soir, où il saluait la mémoire de son défunt pendu de père. »

Nos deux oiseaux vont donc se rencontrer, se reconnaître en tant que … oiseaux rares ( ?) poètes perdus ( ?), on ne sait pas bien mais ils vont se reconnaître et va démarrer une histoire dont l’issue ne sera pas commune – normal, nous sommes chez Franz Bartelt.
Le texte est rythmé par les illustrations de Johan De Moor, tendance halluciné (tant qu’à faire !), et nous avons droit in fine à 9 sonnets issus du cahier de Jovedi Merdouilla. Des sonnets tout ce qu’il y a de plus sonnet et je ne résiste pas à l’envie de vous donner le premier quatrain du sonnet dit « du cochon » :

« Bidochant reptilique, agrasseyant, roin, roin,
Ah, que vautré yaya en des soues, en des mares,
Suintant suifard le gras et, sans en avoir marre,
Manger yaya la bouse et y fourrer le groin ! »

Rimbaud pas mort !